Heure, tu voles parmi les dunes.
Le temps de sable fin chante dans mes bras :
je suis couché contre lui, un couteau dans la main droite.
Moutonne, la vague ! Surgis sans crainte, poisson !
Avec de l’eau, on peut vivre une fois encore,
à l’unisson avec la mort, le monde, l’invoquer encore de nos chants,
appeler encore depuis le chemin creux : voyez,
nous sommes à l’abri,
voyez, la terre était à nous, voyez,
comme nous avons barré chemin à l’étoile !
*
Brandung
Du, Stunde, flügelst in den Dünen.
Die Zeit, aus feinem Sande, singt in meinen Armen :
ich lieg bei ihr, ein Messer in der Rechten.
So schäume, Welle ! Fisch, trau dich hervor !
Wo Wasser ist, kann man noch einmal leben,
noch einmal mit dem Tod im Chor die Welt herübersingen,
noch einmal aus dem Hohlweg rufen : Seht,
wir sind geborgen,
seht, das Land war unser, seht,
wie wir dem Stern den Weg vertraten !
***
Paul Celan (1920-1970) – Mohn und Gedächtnis (1952) – Pavot et mémoire