Paul Celan – Ressac

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Heure, tu voles parmi les dunes.

Le temps de sable fin chante dans mes bras :
je suis couché contre lui, un couteau dans la main droite.

Moutonne, la vague ! Surgis sans crainte, poisson !
Avec de l’eau, on peut vivre une fois encore,
à l’unisson avec la mort, le monde, l’invoquer encore de nos chants,
appeler encore depuis le chemin creux : voyez,
nous sommes à l’abri,
voyez, la terre était à nous, voyez,
comme nous avons barré chemin à l’étoile !

*

Brandung

Du, Stunde, flügelst in den Dünen.

Die Zeit, aus feinem Sande, singt in meinen Armen :
ich lieg bei ihr, ein Messer in der Rechten.

So schäume, Welle ! Fisch, trau dich hervor !
Wo Wasser ist, kann man noch einmal leben,
noch einmal mit dem Tod im Chor die Welt herübersingen,
noch einmal aus dem Hohlweg rufen : Seht,
wir sind geborgen,
seht, das Land war unser, seht,
wie wir dem Stern den Weg vertraten !

***

Paul Celan (1920-1970)Mohn und Gedächtnis (1952)Pavot et mémoire (Christian Bourgois, 1987) – Traduit de l’allemand par Valérie Briet.