La Ferme aux Poupées
auteur : Wojciech Chmielarz
... 13 heures avantajouter un commentaire par Lau LoAujourd’hui je vous présente La Librairie de l’Oiseau Moqueur et un de ses libraires, Antoine qui a accepté de partager son coup de cœur pour le roman La ferme aux poupées de Wojciech Chmielarz paru chez Agullo Editions.
Voici l’avis d’Antoine:
Gros coup de cœur Polar d’Antoine:
« La ferme aux poupées » de Wojciech Chmierlaz. Agullo Editions
Les éditions Agullo nous offrent un nouveau voyage dans l’Europe du crime.
Direction Krotowice, petit bled paumé des Sudètes polonaises, où croupi, suite à une sanction, Jakub Mortka, alias « le Kub », le Colombo polonais découvert dans « Pyromane ».
Ce flic intègre et fin limier va tenter de découvrir qui a assassiné les quatre femmes sauvagement mutilées retrouvées au fin fond d’une ancienne mine d’uranium. Une enquête difficile à tout point de vue qui risque de lui coûter une part de son âme…
Wojciech Chmierlaz , avec ce polar palpitant, dresse un portrait glaçant d’une Pologne en pleine mutation, à la criminalité exponentielle, lieu de tous les trafics, où les populations tziganes sont continuellement stigmatisées…
Un roman noir à couper le souffle qu’il ne faut surtout pas manquer!
Et mon avis:
Je viens de refermer La Ferme aux Poupées de Wojciech Chmielarz avec, chose rare, difficulté. Pourquoi ? Parce que j’ai été totalement immergée dans ce polar Polonais, dernier né des éditions Agullo.
Première plongée pour moi dans le polar polonais puisque je n’ai pas (encore) lu la première enquête de celui qu’on appelle « le Kub », Pyromane, paru chez le même éditeur il y a tout juste un an et ressorti en poche chez Le Livre de Poche en Mars 2018.
Le Kub, c’est Jakub Mortka, un inspecteur de Varsovie qui est mis au placard à titre de sanction à Krotowice où il officie en tant que consultant auprès de la police locale. On le confie donc aux bons soins de l’inspecteur Lupa. Le Kub porte à lui seul le roman. Personnage imposant, il n’est pas, contrairement au stéréotype souvent retrouvé dans le polar, alcoolique ou drogué. Même s’il est divorcé, il n’a pas subi de cruelle perte. C’est juste un homme intègre, tenace et à l’intuition très développée…sauf quand il s’agit de ses amis. Les relations entre les différents personnages révèleront toute leur importance au fil de la lecture jusqu’au dénouement.
Le roman démarre sur un chapitre qui va laisser présager de la qualité de la suite du roman avec la scène d’un enlèvement d’une petite fille. Pour moi, le chapitre d’accroche est très important. Souvent, je vois déjà si le style va me plaire ou pas. Ici, je ne me suis même pas posé la question. Et l’action, dès les premières pages, ne va cesser de monter en puissance avec une enquête, bien que complexe, bénéficie d’une limpidité pour le lecteur assez rare dans ces polars qui reposent plus sur le rythme que sur l’atmosphère. C’est un polar plus « visuel » que psychologique dont la cadence ne faiblit à aucun moment. Ce n’est pas un livre qui se lit, mais un roman qui se dévore.
L’auteur n’oublie pas pour autant de nous parler de son pays en abordant l’aspect sociétal des Tziganes et de leur façon de vivre entrainant un racisme en sourdine mais présent à travers le délit de faciès entre autres.
Cette enquête aborde également un sujet qui est une triste réalité. Mais impossible d’en dire plus sans risquer de trop en dévoiler. Je dirai juste que le final est réellement inattendu et que l’auteur s’est amusé des fausses pistes qu’il a semées et qu’il nous révèle à la fin, un peu à la manière d’un Keyser Soze (Usual suspects).
Dans le roman, Le Kub est comparé à Colombo et rien n’est plus proche de la vérité. J’aurais tendance à dire, pour ceux qui ont lu les romans de Valerio Varesi, que le Kub est à la Pologne ce que Soneri est à l’Italie. Un personnage à découvrir absolument et surtout, à retrouver très vite dans une nouvelle enquête !