Chris, Mon tendre ourson, Ma moitié d’orange
Le destin, qui ne t’a jamais épargné, a décidé que tu ne connaitrais pas ton 32e été. Celui qui aurait dû être un nouvel été de splendeur, celui de ta jeunesse, celui de ta beauté, celui de ton bonheur, sera teint de noir, de chagrin.
Cette insondable tristesse que je ressens ne me quittera pas. Ne me quittera plus jusqu’à mon dernier souffle. Pas plus que ne me quitteront l’éclat de tes yeux, le grain de ta peau, le parfum de ta joue, la douceur de tes lèvres.
Chris, depuis onze années tu m’accompagnes chaque jour. Ce 10 mai dernier, nous avions fêté à Béthune avec maman, Philippe et Justin ce merveilleux anniversaire.
Je sais que tu m’accompagneras jusqu’à mon dernier souffle. Je t’en fais, devant ton corps aujourd’hui sans vie, le serment le plus absolu.
Chris, mon tendre amour, je ne vais pas évoquer nos superbes souvenirs. Ils sont trop nombreux, ils ne sont qu’à nous. Mais permets-moi ce clin d’œil, je n’oublierai jamais cependant ces dizaines de fois où nous avons vibré, souvent avec Mimi et parfois aussi maman, dans tant de villes du monde, pour notre comédie musicale préférée, Priscilla folle du désert, et aujourd’hui encore grâce à Coco et David, nous vibrerons une ultime fois. Et bien sûr, je ne pourrai oublier notre merveilleux mariage dont Valérie fut la marraine ce 27 septembre 2013 quand nous avons dit oui devant un Bertrand Delanoë ému aux larmes et le soir noyés dans l’immensité des magnifiques yeux bleus de notre Line Renaud nous chantant Toi ma petite folie. Un clin d’œil à Jérôme venu de Montréal. Même le cancer qui t’a frappé brutalement il y a quelques années, et contre lequel nous avons lutté ensemble, n’a jamais alterné ta joie et ton amour de la vie.
Là où tu vas à présent, tu emportes tous nos souvenirs loin de ce 12èmearrondissement que nous aimions tant. Merci Catherine, Florence et tous mes collègues ici présents. Garde-les comme le seul bagage indispensable pour cet ultime voyage.
Chris, je ne développerai pas longuement ces combats qui faisaient que notre vie personnelle et notre vie militante ne faisaient qu’un : celui contre le sida d’abord, que tu vivais à la maison en t’occupant patiemment, sans jamais te plaindre, de mon corps si souvent souffrotant, ou encore en redoublant d’idées à ELCS pour que les élus s’engagent contre le sida comme le fait si bien à Paris celle qui fut notre témoin de mariage, avec Philippe, Mimi et Brigitte Lahaie, notre petite sœur Anne Hidalgo mais aussi Valérie Pécresse avec notre Ile-de-France sans sida.
Le combat pour une mort digne ensuite, tu lui as donné une dimension qu’il n’avait jamais connu à l’ADMD et Jon, Mélanie et ton cher Olivier Minne l’ont si bien rappelé. Maxime, Franck, Benjamin, Simon, Laurent et tant d’autres jeunes ADMD continueront aussi pour toi.
Enfin, le combat pour faire des LGBTQI des citoyens à part entière, tu le portais viscéralement comme une évidence.
Chris, tu as perdu la vie moins de deux jours après la fête des mères. Ta maman, partie lorsque tu étais si jeune, que tu portais chaque jour dans ton cœur et plus encore lors ces journées particulières…Ton papa Christian et ta sœur Christine continueront, tu peux en être sûr, de perpétuer sa douce mémoire.
Chris, aucun mot, aucun geste, aucun concept ne peut en cet instant témoigner de l’amour que je te porte.
Chris, aucune explication, aucune théorie, aucune raison ne pourra justifier, jamais, qu’une si belle âme de 31 ans, de 31 ans seulement, puisse être arrachée à celles et à ceux qui t’aiment, à moi, à ta famille, à tes amis - Brice, Stan, Karim, Romain… -, à toutes celles et à tous ceux qui, un jour, ont eu l’immense privilège de croiser ton chemin, de découvrir ton si merveilleux sourire.
Chris, là où tu vas aujourd’hui, là où tu seras dans quelques heures, tu retrouveras ta maman.
Un auteur a écrit : « Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis. »
Chris, là où tu vas aujourd’hui, là où tu seras dans quelques heures, je viendrai te rejoindre, j’espère bientôt. Vraiment car la vie sans toi ne sera plus la vie. Une simple survie.
Chris, toi et moi, nous serons alors unis pour l’éternité. Et rien ni personne ne viendra perturber notre harmonie et notre amour.
Chris, je t’ai aimé follement, je t’aime passionnément et je t’aimerai éternellement…
Chris, même la mort ne brisera pas cet amour fou qui nous a permis de mener tant de combats pour les autres et de surmonter nos maladies.
Chris désormais, je vis en toi et pour toi.
Tu es à jamais ma moitié d’orange !
S’il vous plaît, vous qui le chérissez et qui êtes venus si nombreuses et si nombreux, ne l’oubliez jamais !