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Averti que la colère gronde en Gironde où de nombreux parents demandent à ce que leurs enfants n'aillent plus en cour de récréation au moment des épandages de pesticides dans les écoles situées à proximité des vignes*, averti que des personnes de plus en plus nombreuses se plaignent des effets des pesticides pulvérisés près de chez eux partout en France, le gouvernement avait introduit un amendement timide au projet de loi sur l'agriculture et l'alimentation pour permettre des mesures de protection.
Il n'était pas question de créer une zone tampon sans pesticide (mais cultivable en agriculture biologique) comme le demande de nombreux riverains de cultures. Mais ce texte de loi aurait permis, sans rien d'obligatoire, d'interdire ou d'encadrer l'utilisation de pesticides dans des zones " attenantes aux bâtiments habités et aux parties non bâties à usage d'agrément, contigües à ces bâtiments ". Autrement dit, les jardins des habitations et les cours de récréation des écoles.
Une promesse non tenue !
Les députés, principalement du parti Les Républicains, ont fait savoir au ministre qu'ils ne voulaient pas de cet amendement. Le ministre s'est plié à leur demande et l'a retiré.
" Cette position du ministre Travert est proprement scandaleuse alors même qu'il s'agissait d'une promesse faite dans le cadre du plan pesticides, par les ministres du gouvernement ", a déclaré François Veillerette, directeur de l'ONG Générations Futures. Il a ajouté que l'ONG est assaillie d'appel de victimes de pesticides.
" Rappelons au ministre que des études sont en cours au sein de Santé publique France parce que justement, ce sujet de l'exposition des riverains aux pesticides, considérés comme des populations vulnérables au sens du Règlement européen 1107/2009, est une préoccupation des services de santé. Le récent rapport de l'IGAS et du CGEDD** montre clairement que des substances dangereuses sont toujours utilisées et impactent les populations ".
Les riverains des champs traités sont exposés aux pesticides 24h sur 24h et 365 jours par an
Une étude publiée par l'association Générations Futures en 2016 a montré que les poussières des maisons, à proximité des champs traités, sont pleines de pesticides. Une vingtaine par foyer en moyenne. C'est vrai pendant la période des pulvérisations, au printemps et en été, mais également le reste de l'année. Sur les vingt pesticides trouvés dans les poussières, douze sont des perturbateurs endocriniens (hormonaux) potentiels, soit plus de 60%. Plus grave : en concentration (quantité), ils représentent 98% des pesticides détectés (17,3 sur 17,6 mg/kg). Ces substances chimiques interfèrent avec le fonctionnement du système hormonal et induisent des effets néfastes sur l'organisme d'un individu et/ou de ses descendants.
"C'est la FNSEA et les autres lobbys agricoles qui l'ont emporté au détriment de l'intérêt général et de la santé publique" se désole aujourd'hui Générations Futures.
Zoé Fauré
* À Villeneuve-de-Blaye (Gironde), des élèves et une enseignante ont été pris de malaises après le traitement de parcelles de vignes à proximité immédiate de l'école en mai 2014. Lire l'article du Parisien En Gironde, les parents d'élèves ne veulent plus de récrés à la sauce pesticides
** Inspection générale des affaires sociales et Conseil général de l'environnement et du développement durable