Permettre aux clients de services financiers d'accéder à ceux-ci par l'intermédiaire d'interfaces programmatiques ne se résume pas à une obligation réglementaire. Le premier objectif que devrait viser ce genre d'initiative, tel que le démontre Revolut, est de laisser chacun choisir, en toute autonomie, ce qu'il souhaite en faire, selon les modalités qu'il désire, en profitant de l'opportunité que procurent les technologies modernes d'interconnecter des plates-formes variées pour automatiser toutes sortes de tâches.
Loin des exigences de la DSP2 (qui ne concerne, pour l'instant, que le grand public), la démarche d'ouverture de Revolut privilégie justement les avantages directs pour le client final. Ses API – qui couvrent à la fois l'accès aux informations des comptes et l'exécution de transactions de paiement – sont donc d'abord conçues pour que chaque entreprise puisse elle-même réaliser les intégrations qui lui sont utiles dans son activité, plutôt que pour des fournisseurs tiers susceptibles de créer des solutions complémentaires.
Le concept fait évidemment sens pour les organisations qui détiennent des compétences informatiques, capables d'exploiter les API de Revolut. Cependant, toutes les PME n'ont pas les ressources nécessaires et, surtout, un certain nombre d'usages, identiques dans toutes les entreprises, méritent d'être mis en commun : connexions avec les outils comptables (FreeAgent, Xero), de paye, de gestion des notes de frais, de workflow, de collaboration (Slack)… En conséquence, la néo-banque prend à sa charge leur conception et les met à disposition progressivement sur son « App Store ».
À terme, il pourrait aussi devenir possible pour les clients de partager les modules d'intégration qu'ils auront développés et qui pourraient s'avérer utiles pour d'autres. De la sorte, le catalogue s'enrichissant, les services offerts par Revolut seront immergés dans les processus existants des entreprises, rendant leur gestion financière plus simple, plus fluide et plus transparente. L'ambition est, bien sûr, de réduire au minimum leurs corvées administratives, afin de dégager plus de temps et d'énergie pour leur métier.
Si quelques institutions financières ont déjà, par le passé, engagé des initiatives approchantes (par exemple ANZ ou NAB), elles tendent à rester sur un périmètre limité et aucune ne semble décidée à en faire une stratégie globale, comme le laisse entrevoir Revolut. Pourtant, il ne fait guère de doute que l'insertion (presque) invisible de la banque dans les activités courantes répond à un besoin fort des dirigeants d'entreprises… au point, j'en suis convaincu, de façonner les modèles standards de demain.