Hunter de Roy Braverman 5/5 (10-05-2018)
Hunter (352 pages) est disponible depuis le 16 mai 2018 dans la collection Thriller des Editions Hugo & cie.
L’histoire (éditeur) :
Si vous croisez sa route, ne vous arrêtez surtout pas.
Plus personne ne s’arrête à Pilgrim’s Rest. Une vallée perdue dans les Appalaches. Un patelin isolé depuis des jours par le blizzard. Un motel racheté par le shérif et son frère simplet. Un bowling fermé depuis longtemps. Et l’obsédant souvenir d’une tragédie sans nom : cinq hommes sauvagement exécutés et leurs femmes à jamais disparues. Et voilà que Hunter, le demi-sang indien condamné pour ces crimes, s’évade du couloir de la mort et revient dans la vallée. Pour achever son oeuvre ?
Après douze ans de haine et de chagrin, un homme se réjouit pourtant de revenir à Pilgrim’s Rest. Freeman a compris le petit jeu de Hunter et va lui mettre la main dessus. Et lui faire enfin avouer, par tous les moyens, où il a caché le corps de Louise, sa fille, une des cinq disparues.
Pilgrim’s Rest sera peut-être le terminus de sa vengeance, mais ce que Freeman ignore encore, au volant de sa Camaro rouge qui remonte Murder Drive, c’est qu’il n’est pas le seul à vouloir se venger. Et que la vérité va se révéler plus cruelle et plus perverse encore. Car dans la tempête qui se déchaîne et présage du retour de la terreur, un serial killer peut en cacher un autre. Ou deux.
Mon avis :
Yeah, attention, Roy Braverman (alias Ian Manook, auteur du célèbre Yeruldelgger, alias Paul Eyghar auteur jeunesse de la série Les Bertignac, rebaptisée Tarko, et j’en passe) arrive avec un polar à l’américaine survitaminé, bourré d’action, à l’esprit cinématographique, musclé et particulièrement rythmé. Bref, Roy Braverman est dans la place et à intérêt à y rester !!!!
Hunter c’est des protagonistes qui avancent la vengeance chevillée au corps, des psychopathes en veux-tu en voilà, des personnages (du principal au secondaires) suffisamment développés (notamment grâce aux dialogues qui donnent force, épaisseur et personnalité à chacun d’eux) pour vous laisser croire qu’ils ont de l’importance et vont durer (rien n’est moins sûr…). Alors forcément les surprises s’enchaînent à un rythme endiablé et le choix d’une construction linéaire qui marche essentiellement sur les images (car bien que le roman compte peu de descriptions tout se visualise avec naturel) rend la lecture terriblement addictive. Et oui, un peu d’insomnie et une terrible envie de m’y replonger m’ont fait quitter le lit à 3 heures du mat pour reprendre le fil de l’intrigue (quitté tout juste la veille) et en finir avec ce film ce livre. Dieu que c’était bon !!!!
On ne sait pas où on va et, même si on passe son temps à faire des suppositions, Roy Braverman nous bluffe constamment. Je ne vous cache non plus pas qu’un peu de sexe et de violence viennent également pimenter l’intrigue et le quotidien de ce petit bled paumé de 19 habitants l’hiver….
Hunter c’est le genre de putain de bonne histoire (un poil matriochka) faite de rebondissements, agrémentée de gros mots, de cinglés en tout genre mais aussi de gens bien, de femmes (il y en a ici beaucoup dont Denise qui fait partie de mes personnages préférés), d’un rouquin, d’un nègre, d’un ou deux sang mêlés, d’un motel, d’un vieux bowling abandonné, d’une arbalète, d’une liste de victimes qui s’allonge à une vitesse folle, beaucoup de clins d’œil (et quelques allusions à certains sujets sensibles tels que le racisme) ...
Bref, un merdier sans nom dans lequel Freeman, un « nègre » assoiffé de vengeance est aujourd’hui en quête de vérité contre des culs terreux de la pire espèce. Ça va clasher, soyez en sûrs ! Quant au dénouement…. Il annonce du lourd pour la suite, ça c’est clair.
Extrait du compte rendu Babelio de la rencontre du 14 mai 2018
Éditeur, scénariste de bandes dessinées, grand voyageur et écrivain, Patrick Manoukian est venu présenter à une trentaine de lecteurs Babelio son dernier roman Hunter, publié chez Hugo et Compagnie. Les amateurs des enquêtes mongoles de Yeruldelgger connaissaient Patrick Manoukian sous le pseudonyme Ian Manook, mais c’est sous la nouvelle identité de Roy Braverman que l’auteur a écrit ce livre et rencontre ses lecteurs.
Le récit de Hunter raconte la disparition étrange de plusieurs couples dans une petite ville des Etats-Unis. Les hommes sont retrouvés assassinés tandis que les femmes sont portées disparues. Hunter, homme de couleur métisse, est condamné à mort pour ces crimes et s’évade de la prison après douze années de captivité. Il revient dans le petit village des Appalaches où ont eu lieu les crimes et l’ancien policier Freeman va tout faire pour que Hunter avoue où il a caché le corps de Louise, sa fille, une des cinq disparues.
Tout commence par un pari
Roy Braverman a commencé à écrire dès l’âge de quinze ans et en est venu à être publié à l’occasion d’un pari conclu avec sa fille. « Le défi d’écriture vient de ma fille Zoé. J’ai toujours écrit pendant cinquante années sans ne jamais rien terminer. Lorsque je bloquais sur un genre, je passais à un autre, et ainsi de suite. Quand ma fille est partie vivre à Buenos Aires, je lui ai demandé si elle voulait que je continue à lui envoyer ce que j’écrivais, mais elle en a eu marre de ne jamais avoir la fin des romans et m’a demandé d’en terminer un une bonne fois pour toutes ».
Une histoire de pseudonymes
L’auteur a publié ses œuvres sous plusieurs pseudonymes, notamment Ian Manook pour son roman Yeruldelgger publié chez Albin Michel en 2013 et Paul Eyghar pour Les Bertignac : L’homme à l’œil de diamant publié chez Hugo & Cie en 2011. Un choix qui n’est pas lié au hasard, puisque Roy Braverman adapte son pseudonyme en fonction du genre qu’il décide d’écrire. « J’avais conscience que Hunterétait autre chose. L’histoire était destinée à être un polar à l’américaine, plus linéaire et plus dense, avec moins de descriptions et plus d’action. Quitte à faire quelque chose de différent, autant écrire sous un pseudonyme différent ! ».
Une source d’inspiration littéraire minime
Lorsque la question de ses inspirations littéraires lui est posée, Roy Braverman répond qu’il n’en a que très peu, voire pas du tout. Il a fait le souhait de ne pas être influencé par d’autres écrits mais dit aimer tout de même les livres courts en citant J. D. Salinger. « Il y a deux grandes écoles pour moi dans le métier d’écrivain. La première, c’est le devoir de tout lire pour se construire et construire ses récits. Moi, je ne fais pas partie de cette école car si je lis trop de romans, j’ai peur de rencontrer des idées en me demandant pourquoi moi-même je n’y avais pas pensé avant pour mes histoires. En revanche, à chaque salon littéraire je ramène au moins cinq livres et je lis les trente premières pages de chacun afin de m’en faire une idée générale. Ensuite, je fais deux piles : une pour les livres que je lirai, et une autre pour ceux que je ne lirai pas. C’est la seconde pile qui grandit le plus vite… »
Roy Braverman travaille actuellement sur l’écriture du second tome d’une trilogie prévue. L’histoire devrait s’ancrer en Alaska où le lecteur pourra retrouver le personnage de Hunter. L’écrivain pense aussi déjà au troisième tome, qu’il aimerait situer en Louisiane. S’il tient ses promesses, son prochain livre devrait être publié en mai 2019, l’auteur ayant rappelé qu’il publiait un roman chaque mois de mai.