Premières émotions à l’écoute de Lageos : elles arrivent peu à peu, à force d’une abnégation certaine et nécessaire, tant la musique paraît de prime abord obtuse, pointue, exigeante.
De même, mes a priori sur la musique d’Actress sont toujours présents, forts. En effet, mes derniers souvenirs sont d’abord « X22RME » (tiré de son album de 2017 AZD et son splendide visuelle !), ensuite son album de 2012 R.I.P (dont on retrouve ici une réinterprétation du titre « N.E.W. ») qui m’avait – selon les morceaux – autant touché que repoussé.
Je ne m’attendais dès lors pas à cette réelle surprise à ma découverte des dix compositions de Lageos. Une fois lancée l’écoute, aucun moment de gêne, d’angoisse, « d’envie de passer à la suivante ». Cela sans pour autant trouver l’ensemble aisé.
Mais la symbiose est parfaite entre, d’un côté, la production de Darren Cunningham (id est Actress) et les musiciens du London Contemporary Orchestra. C’est une expérience qui s’avère tout de suite fantastique, au sens propre et donc premier du terme.
Il s’agit d’un véritable jeu qui permet aux sonorités de l’univers d’Actress de prendre forme de façon acoustique, dans une ambiance éminemment expérimentale qui rappelle autant les musiques électronique que classique, avec des touches évidentes de jazz pour ce qui est de se réapproprier d’autres styles de façon très vivante.
Bien entendu, une part importante de la vivacité de l’album provient sans équivoque de sa genèse. En l’occurrence, il s’agissait initialement d’un projet live avec le soutien de Boiler Room qui eut lieu au Barbican Centre de Londres en février 2016 avant de se poursuivre à la Tate Tanks, ou encore au Strelka Institute de Moscou.
Afin d’éviter d’en dévoiler trop, je vous conseillerai simplement d’écouter « Surfer’s hymn » ou « Audio track 5 » où l’on se rend compte de l’incroyable mariage entre Actress et le LCO, au point de se demander comment les amateurs de musique classique peuvent encore avoir des réticences concernant la musique électronique.
Je me sens dores et déjà privilégié car je pense détenir en toute discrétion l’un des albums de l’année, presque à ma grande surprise tant je n’attendais rien de Lageos.
(in heepro.wordpress.com, le 01/06/2018)
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