– Salut les gars, je vous rencontre aujourd’hui, tous ensemble, en plein milieu d’une de vos répètes. Votre actualité est bouillante d’ailleurs, juste quelques jours après la sortie de votre nouvel album. Alors. Dites-moi les gars, comment ça va aujourd’hui ?
Red (Chant) : Super ! On vient de fêter la sortie de l’album hors de la région parisienne, à Blois, grosse soirée concert, et grosse fête ! On le paye encore un peu aujourd’hui d’ailleurs. Plein de bonnes choses se passent, des articles sur Rolling Stones Magazine, Rock n Folk aussi. On est très content de cet album.
– C’est la première fois que l’on a l’ occasion de vous rencontrer avec Lords of Rock, et on prend le train en route, puisque vous en êtes déjà à plus de 20 ans d’existence du projet, et 7 albums de sortis (10 avec les compilations), est-ce que vous pouvez présenter les Shaggy Dogs, et ce que vous faites ?
Jacker (Guitare) : Le projet c’est de faire des concerts ! Déjà. À partir de là, comment faire des concerts ? Ben pour faire des concerts, il faut avoir de l’actualité ! Vas y Red.
Red : Yes ! 3 mots : Fiesta ! Blues ! & Roll ! Si on doit mettre des étiquettes ce sera celles-là, parce que ça parle à tout le monde. Fiesta, c’est là fête. Blues, dans sa dimension de partage. Roll, on sait qu’il y a Rock avant. Notre musique est faite pour rencontrer les gens, passer des super moments. Être sur la route, bien manger, bien boire, voir de beaux paysages et rencontrer les cultures. S’amuser ! Et là-dedans, tu peux y incorporer tout ce que tu veux, du Blues, du Rhythm & Blues, des bons vieux rock n roll, du gros Rock Garage, du sixties, du hard 70’s, de la Funk Old School. Tout ce que tu veux et qui est bon en fait ! Shaggy Dogs c’est une grosse marmite dans laquelle tu peux mettre tout ce que tu aimes. On s’affranchi des étiquettes. Il a fallu en mettre une au départ : Fiesta, Blues & Roll. Mais elle est plutôt large en fait.
Benoit (Clavier) : C’est All Inclusive tout simplement ! Le Full Package ! [rires]
Red : Oui, c’est la fête et c’est pour ça que ça fait 20 ans que ça existe ! Et tant qu’on se marre on continuera comme ça, pas de pression, et du plaisir.
– Savant mélange de Rock, de Blues, de Funk et très ouverts à différentes inspirations surtout dans votre nouvel album. On vous retrouve souvent sous un intitulé de « Pub Rock ». Ça vous va ça comme style ? Le Pub Rock ? Pour vous c’est quoi le son des Shaggy Dogs ?
Red : Ce serait pas honnête de notre part si on te disait que le Pub Rock ça nous allait pas, puisqu’on a commencé comme ça. Thomas à la Basse, Jacker à la guitare et moi, on a commencé ce groupe là en faisant un tribute hommage à Dr Feelgood. Un groupe pas prise de tête. Prise de tête ça ne l’est toujours pas, mais quand on a commencé on voulait faire quelque chose qui nous allait, un groupe qui soit simple et voué à être interprété dans tous les contextes, du bar à la scène. Donc « Pub Rock » oui bien sûr, mais c’est réducteur parce que ça ne veut pas dire grand-chose en dehors des initiés. Puis quand Guillaume et Ben sont arrivés on ne leur a pas dit « vous intégrez un groupe de Pub Rock », je ne pense pas. Ca nous va le Pub Rock. Ca nous va, mais on en parle plus. [Rires]
– Certaines de vos inspirations musicales sont très explicites, vous vous plaisez à glisser quelques clins d’oeil visibles et audible, ou biensur à reprendre vos propres héros de la musique, comme sur No Mo Do Yakamo de Dr Feel Good repris sauce Shaggy Dogs. C’est quoi vos plus grandes inspirations justement, et est-ce que votre « direction musicale » et vos inspirations de base ont évoluées au fil du projet ?
Guillermo (Batterie) : Moi je suis avec les Shaggy depuis 8 ans, et à ce moment-là les inspirations c’était plutôt Rock et Hard Rock. Je venais plutôt du Blues classique à ce moment-là, et si ça ne devais être que du Rock et du Pub Rock ça n’aurai peut-être pas glissé. Au fur et à mesure, on a glissé vers des choses un peu plus connoté Blues.
Thomas (Basse) : À chaque fois qu’une nouveau musicien arrivé, la couleur musicale prend une direction différente. C’est naturel.
Benoit : De toute façon en plus, chacun à son propre jardin musicale, et ses propres sensibilités. Par exemple, mon truc c’est le Blues, Rockabilly et le Boogie Woogie. Ce qui apporte des choses différentes que le Pub Rock originel du groupe. Au fur et à mesure ça a permis d’ouvrir de nouveaux panels sur le son.
Jacker : Et en fond, il y a toujours cette tension, cette puissance du Pub Rock qui est présente. Que ce soit en live, ou même en filigrane sur les albums, cette énergie communicative elle est là.
Red : On est un groupe énergique ! On est reconnus comme ça, on s’amuse souvent à dire même, qu’on est la caution rock n roll des festivals de Blues qui nous invitent. Le groupe mouille la chemise de toute façon. On ne joue pas pour nos chaussures, on joue pour le public et pour les gens qui sont en face nous, pour leur donner le maximum à chaque instant. Après, au niveau de l’évolution de nos inspirations forcément il y a eu du chemin. Le début c’était ce groupe Tribute à Dr Feelgood, puis on a vite élargit au Pub Rock au sens large. Pour s’essayer ensuite à de nouveaux titres avec d’autres inspirations. Jusqu’au 3ème album qui contient nos premières compositions. Sur des groove très tendus, il y avait 4 membres à l’époque, grosse guitare et pas de clavier. Puis pour ensuite faire des albums qui n’avaient plus rien à voir avec cette idée originelle de « Pub Rock », mais quelque chose qui nous correspondait à ce moment. On aime le Blues aussi, mais on n’aime pas le jouer de manière traditionnelle ! C’est un peu notre marque de fabrique, de déstructurer tout ça. Même si on aime en écouter, le découvrir etc… le Blues traditionnel on n’a pas envie d’en jouer. Je ne sais plus qui disait ça, mais « pour faire du Blues traditionnel il faut savoir bien le faire », et nous, vus qu’on ne saura pas « bien le faire », on s’en fiche. On préfère le faire à la sauce Shaggy Dogs. Du coup les puristes s’y retrouvent pas… mais c’est tant mieux ! [rires] Ensuite avec l’entrée de Ben par exemple, forcément on a commencé à composer de manière différente. La grosse guitare a laissé plus de place à des dynamiques guitares/claviers.
Jacker : Avant ça la guitare faisait tout, les solos, l’accompagnement, le groove. Puis on a changé notre façon de travailler de ce côté-là. Je me fais vieux tu sais, j’ai plus envie d’en mettre autant qu’avant [rires]. Non sérieusement, on a trouvé un autre filon, c’est l’interaction clavier/guitare. Et ça nous plait à un tel point que maintenant on a même envie de refondre complètement notre répertoire. De reprendre les anciens morceaux et de réorchestrer tout ça comme on sait le faire maintenant. Par exemple, à chaque fois qu’on fait un album on a ce besoin viscérale d’inclure au minimum 5 titres de l’album dans nos sets live. Parce qu’on veut vraiment pouvoir rôder les dynamiques Clavier/Guitare et les rendre le plus intéressantes possible. Tout ça c’est vraiment une nouvelle direction.
– A propos des inspirations, cette fois de compositions et d’écriture, avec Facebook Fury par exemple, vous prônez la capacité de recul et de déconnexion des réseaux sociaux, un sujet très « 2018 » en somme. C’est important pour vous de pouvoir à la fois aborder des sujets maints fois revisités et classique de la musique lorsque l’on compose mais aussi de mettre à jour la musique et ces sujets actuels ?
Red : Pour bien te répondre il faudrait que l’on te présente notre 6ème homme. Laurent, qui est notre parolier, c’est aussi le programmateur du festival le Buis Blues. C’est lui qui écrit tous nos textes. On lui donne carte blanche, pour aborder tous les sujets voulus. En fait, soit je lui donne un gimmick, soit un schéma mélodique sur lequel il viendra greffer ses mots. Soit je lui donne un thème général qui convient avec l’énergie du morceau. Ou par exemple pour Facebook Fury justement, c’est lui qui a posé le truc. Ce sont des thématiques qu’on partage de toute façon. Ça nous permet de toucher les gens, sur des sujets que nous avons en commun, et qui sont en phase avec ce qui se passe aujourd’hui. Quand j’ai vus le texte, j’ai dit tout de suite « putain c’est énorme ! ». On lui envoie la musique, et il nous a ensuite proposé l’idée. Bien sûr on adapte et la musique et le texte pour que la composition prenne de l’ampleur. C’est marrant d’ailleurs, entre la composition de base avec le riff de départ, et le titre de maintenant, le morceau n’a plus rien à voir. Comme souvent comme ça d’ailleurs. De toute façon nos titres sont construits sur ce que chacun apporte comme idée. C’est rare qu’un morceau soit entièrement apporté par quelqu’un en disant, « tient là ‘faut faire ci et là ‘faut faire ça ». On ne pourrait pas fonctionner comme le font certains groupes, autour du travail juste du chanteur, ou juste du leader et les autres qui suivent. Il nous faut cette participation de tout le monde, à tous les stades de la composition du morceau. On a la chance de pouvoir chacun ramener des choses. C’est un peu l’Auberge Espagnole, et à 6, Laurent est compositeur au même titre que nous. Ce qui était rigolo d’ailleurs, au début, on parlait de l’évolution justement. Quand on ne faisait que des reprises on ne se posait pas la question, puis on n’osait pas imaginer que ça pourrait le faire. Puis finalement quand on a eu l’occasion de construire les premières compos, et de les jouer en live, on s’est rendus compte que ça pouvait le faire. Ensuite… on s’est pris au jeu, et là c’était partis quoi !
– L’enregistrement et la production de ce dernier album, comme ça s’est passé ? Vous avez fait appel à votre fan base avec un crowdfunding qui s’est très bien déroulé. Comment ça se passe une auto production comme la vôtre quand en plus on sait être soutenus par son public de cette manière ?
Red : Alors, c’est pas tout à fait ça l’histoire. En fait, l’enregistrement avais déjà été fait avant. Le Crowdfunding, on l’a fait pour pouvoir promouvoir le disque. Et surtout, pour pouvoir faire le Vinyle. On a enregistré en Novembre. Mixé en Décembre. Quand on a lancé le crowdfunding, l’album était déjà prêt. Il nous manquait des sous pour lancer le pressage, le merchandising et tout ça. Pour nous c’était une première, personne n’y croyait vraiment, sauf Toma ! Toma, c’est l’homme du Crowdfunding, il s’est beaucoup documenté, et a porter vraiment le truc à fond. Ensuite pour la Fanbase, ben on a été plutôt étonné et dans le bon sens. En plus maintenant, les gens qui ont choisis de nous soutenir choisissent de partager tout ça sur les réseaux sociaux, donc c’est un vrai booster de malade ! Pareil pour le clip, en une semaine on est à plus de 1000 vues. On a rarement fait ça avec nos clips sur la durée jusqu’à maintenant, et franchement, ça aide vraiment. Basse : Ce qui est bien, c’est que, quand il y a une bonne promo, forcément derrière il y a plus de concerts. Et comme on a dit au début de la discussion, pourquoi Shaggy Dogs existe, c’est pour faire des concerts ! Il y a une bonne promo parce qu’il y a de l’actualité, l’actualité nous donne plus de visibilité, et forcément on fait plus de concerts, c’est un cercle vertueux et un procédé naturel qui nous va. Les gens qui se sentent concernés sont présents, ça créé des bonnes vibrations, tout ça c’est que du bon.
– Pour les sorties d’albums de groupes, on parle parfois d’album expérimentale, d’œuvre de jeunesse, ou encore d’album de la maturité, ou de point culminant. Vous en êtes à votre 10 ème album en comptant les albums live et les compilations (7 albums studios). Cet album, All Inclusive, vous le sentez comment dans votre parcours ? C’est l’album de la maturité ?
Jacker : Nan, c’est « l’album avec Benoit » ! [Rires]
Benoit : C’est les Shaggy Dogs à 5. C’est « Le premier album des Shaggy Dogs à 5 ». Il y a pleins de nouvelles choses, dans la composition avec les claviers/guitares. C’est ça qui est interressant. Chant : Pour moi, c’est le meilleur album ! …. Comme à chaque fois ! Maturité … aux vues des retours de la presse, de ce qu’on nous dit. C’est au moins « le plus abouti », celui qu’on a pas mal travaillé. Mais de là à dire maturité…
Benoit : La Maturité ça viendra après ! C’est pas ça qui nous inquiète.
– Est-ce qu’il y a une chanson en particulier dont vous souhaiteriez expliquer, comment elle a été construite, comment elle a été écrite, et sa signification ou son histoire?
Red : "Swinging Hi and Low", qui doit être la 9ème piste de l’album. Qui est une chanson qui, pour une fois, a été proposée dans sa composition en entière par Benoit. C’était un Boogie « traditionnel ». Mais comme on en a discuté, flirter avec le traditionnel et respecter les codes c’est pas ça qu’on trouve le plus intéressant à faire. Alors on l’a complètement explosé ! Et on l’a complètement réécrite. On l’a complètement « dé-traditionnalisé », pour la « Shaggy Dogiser ». En fait, comme à chaque fois, on a l’impression de trouver l’idée qui tue, le truc jamais vus, puis finalement on le rend beaucoup plus simple et beaucoup plus efficace pour que ce soit plus naturel pour tout le monde. Si ça prend les gens ça nous suffit. Si la femme de Thomas bouge les fesses, c’est que c’est bon ! C’est ça le label qualité Shaggy Dogs [rires]. Ça c’est justement un des trucs que l’on a peut-être réussi à faire, garder les choses simples. Ne pas chercher à trouver systématiquement le riff qui tue, ou la structure jamais vue. Garder le truc simple.
– Quels sont les groupes que vous écoutez en ce moment (les nouveaux groupes) ?
Benoit : JD Mc Ferson ! Electro Deluxe, Temperance Movement, Imperial Crowns, Vintage Trouble.
Red : Ce sont des groupes actuels, mais qui font leur cuisine dans le bon son des années 70.
Jacker : Après, on a la chance d’aller dans des festivals et de voir tout un tas de talents s’exprimer, de pouvoir les rencontrer en direct et de passer du temps avec eux.
– A chaque musicien et son instrument, en gros, pour vous, c’est qui la (ou les, 2 ou 3) référence de votre instrument, l’artiste qui vous a le plus inspiré et que tout le monde devrait avoir entendu ?
Jacker : Pfff, tu sais à la guitare on peut pas. Il y en a tellement. Wilko Johnson de Doctor Feelgood. Mick Green des Pirates, Anson Thunderbird (and the mighty roses) pour le Blues actuel.
Thomas : Jerry Mc Avaye (Gallagher) et Lemmy de Motorhead, rien que ça !
Benoit : Billy Powel (Lynyrd Skynyrd), Richard Clederman, Gin Taylor
Guillermo : J’ai pas d’inspiration particulière à la batterie moi… c’est la musique qui m’intéresse. Alors je vais dire tout le Chicago Blues et toutes ces influences-là, qui sont vraiment importantes. James Cotton, Albert Collins, Dr John. Tu vois, plutôt ce genre de personnalité même que des batteurs directement. Ringo Star, Charlie Watts… même pas tu vois. Steve Gadd, des gars qui caressent bien la ferrailles du coup.
Red : Mark Felman, de 9 bellow Zero, Magic Dick, de J Geils Band Les deux plus grosses influences pour l’harmonica.
– Un meilleur souvenir de partage de la scène ? Et qu’est-ce qui a rendu ce Jam/collaboration/expérience si inoubliable ?
Red : Jam ce n’est pas notre truc. Ça nous fait chier. Donc pas avec Shaggy Dogs. Après, des partage avec des groupes on en a eu pleins. Un des meilleurs souvenirs, c’est certainement la fois ou on est partis en tournée au Japon. Quand on est là-bas, tous les soirs on joue avec 4 Groupes japonais différents. On avait ramené des bouteilles de vin, du pâté, du foie gras. Et on se partageait tout ça avec les musiciens dans les loges. Tout ça, ça reste des super moments, on a eu l’occasion de faire ça plusieurs fois. Récemment en Espagne à peu près la même ambiance. Avec des loges ouvertes, et plusieurs groupes, avec qui on a joué jusqu’à 7H du matin, toute la soirée, un vrai bouillon de culture de rencontre et d’échange. Puis ensuite, des tranches de vie avec des musiciens, ou des gens du public sur la route. Des choses fortes, et c’est vraiment super difficile de t’en sortir un comme ça en particulier. Notre musique est basée sur la rencontre. Donc s’il n’y a pas cet aspect rencontre, on s’emmerde plutôt qu’autre chose. Ce serais pas ça l’esprit Shaggy Dogs.
Guillermo : Parfois c’est le voyage qui marque plus que le concert. Par ce qu’on y a vécu, par ceux qu’on y a rencontré, ou l’histoire qui s’y est déroulé, des problèmes de bagnole, des voyages en bateau, des trucs originaux.
– C’est quoi le programme pour la sortie de cet album ? J’ai cru comprendre que vous alliez faire un gros live de sortie dans Paris d’ici la fin de l’année, et prendre la route pour le promouvoir ?
Bien sûr, on est en train de monter et de finaliser une grosse date à Paris en Octobre, ça va être la fête pour cet album ! On essaye de jouer tous les deux ans à Paris, qu’il puisse s’y dérouler un gros évènement avec nous. Ensuite on a pas mal de dates là oui, on reprends la route. L’album sort en Angleterre, Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, et on a quelques jolis concerts qui nous attendent dès les prochains jours. Plusieurs festivals sont devant nous, en Hollande, en Belgique, puis à Cognac, à la Rochelle. On joue autant qu’on peu, on se fait plaisir et ça va être la fête !
Eh bien voilà, c’est la fin de l’interview. Je vous remercie. J’ai été très content de vous rencontrer. Est-ce que vous voulez ajouter un mot de la fin ?
Merci à toi, merci à Lords Of Rock, et venez nous voir, on se retrouve en live et ça va être la fiesta ! All Inclusive !