1930 : Carl Einstein écrit dans la revue Documents un article sur l'exposition de la Galerie du théâtre Pigalle qui vient de se tenir à Paris, une exposition d'art africain et d'art océanien. "Pourtant, il faut traiter cet art historiquement, et non plus seulement le considérer sous le seul point de vue du goût et de l’esthétique" : telle est la méthode d'Einstein qui suit sa logique développée quelques années plus tôt. En effet, il peut désormais évoquer l'art africain puisque cet objet "art africain" existe : il en a posé les fondements dans Negerplastik et a ainsi ouvert le champ à la possibilité d'une histoire de l'"art nègre".
Dans cette première grande exposition devenue mythique, 425 objets étaient présentés dont environ 200 d’Océanie.
Dans le catalogue que l'on peut télécharger :
on se désolera du petit nombre de photographies des oeuvres présentes dans l'ouvrage. Seuls de brèves descriptions et les noms des prêteurs, pour beaucoup célèbres maintenant, sont cités.
Dans l'article d'Einstein, il existe aussi quelques photographies des oeuvres (Ci-après, une planche de la revue Documents). Les rares clichés dont nous disposons de l'exposition proprement dite appartiennent à la Société française de Photographie.
C'est dire combien la recherche des 425 objets présents en 1930 peut s'avérer être un véritable casse-tête...pigmenté par la tournure quelque peu scandaleuse que l'évènement avait prise : « L’exposition d’art nègre et océanien au théâtre Pigalle … a irrité la pudeur de tous les gardiens de la morale » pouvait-on lire dans Cahiers d'Art...car certaines sculptures furent considérées comme obscènes...
C'est donc à une enquête passionnante qu'il faudrait se livrer pour retrouver les objets de 1930, car les pièces sont de grande qualité, prestigieuses car ayant appartenu à ... (voir liste incroyable ci-après) et aussi probablement parce que la non moindre exposition mythique African Negro Art organisée au Moma en 1935 s’inspira forcément de "Pigalle 1930"...
Les oeuvres ayant rejoint les collections publiques, nous les connaissons... mais les autres ?
Pourquoi parler de cette exposition maintenant accolée au nom du Parcours des Mondes 2018 ?
Parce que Nicolas Rolland et Charles-Wesley Hourdé se sont attelés à ce travail de recherche et sont sur le point de terminer la réalisation d'un bel ouvrage sur le sujet (Parution septembre 2018, tiré à 500 exemplaires !).
Ils sont parvenus à retrouver une sélection d’objets ayant figuré dans cette exposition historique au sein de collections privées parisiennes.
Aussi pendant le prochain Parcours des Mondes, l’Espace Tribal de la rue Visconti présentera-t-il 20 à 30 de ces oeuvres prêtées par des collectionneurs privés, des documents d’archives et des photographies. L’événement "Pigalle 1930" sera au cœur de la programmation des séances de Café Tribal.
Photo 4 : Extraite de la Revue Documents, article de Carl Einstein "À propos de l'Exposition de la Galerie Pigalle".
Photo 5 : Crochet à crâne Blackwater, Papouasie-Nouvelle-Guinée Hauteur : 57 cm - Provenance : Bela Hein, Paris © photo Martin Doustar.
Photo 7 : Extraite du catalogue de l'exposition.
Photo 8 : Statue janus kabedja, Luba-Hemba - République démocratique du Congo Hauteur: 36 cm - Historique: Paul Chadourne, Paris © photo Vincent Girier-Dufournier.
Photo 9 : Statue Malagan - Nord de la Nouvelle-Irlande Hauteur : 80 cm - Provenance : Ernst Ascher, Paris © photo Hughes Dubois.
Les oeuvres des photos 5, 8 et 9 seront exposées à l'Espace Tribal. .