Merci au nom des femmes Morgentaler

En 1960, Morgentaler, un survivant du camp de concentration d’Auschwitz, arrive dans la colonie britannique, le Canada, avec sa femme, quittant ainsi l’Europe où il avait grandi pour se rendre en Amérique alors citée comme paradisiaque. On ne parlait bien sûr pas de l’Amérique du sud, où sévissaient les tueurs à gage à la solde de Washington et où mourraient des dizaines de milliers de latino-américains*.

En 1967, Morgentaler décide d’aller directement voir l’État fédéral canadien et s’adresse à un comité pour décriminaliser l’avortement, afin que les femmes puissent jouir de pratiques sérieuses, propres et sécuritaires.

En 1969, Morgentaler délaisse la médecine familiale pour pratiquer ouvertement, mais « illégalement » selon l’État fédéral canadien bien sûr, des avortements jusqu’alors criminalisés. Criminalisés au grand plaisir des conservateurs religieux et des pro-vie pullulant dans l’Ouest et ne respectant pas le choix des femmes tombées enceintes dans diverses conditions et situations sociales. Ce n’est pas leur tasse de thé de se soucier d’autrui de toute façon. Rien n’a changé quant à cette question.

En 1970, à Québec, il est arrêté pour ses pratiques « illégales », « illégales » selon l’État fédéral canadien. Morgentaler ne lâche pas prise, en 1972, il décide de se présenter comme candidat indépendant dans Saint-Denis, il termine 4e. En 1973, il avoue avoir déjà pratiqué 5000 avortements « illégaux », ce qui gêne un tantinet soit-il, les autorités répressives. Il sera néanmoins acquitté, puis le jugement du jury sera ensuite renversé à nouveau en 1974 par 5 juges de la cour d’appel du Québec. Il ira bien sûr en appel et gagnera finalement sa cause. Il aura toutefois visité les prisons québécoises avant de faire avancer celle-ci.

En 1983, les accusations retombent sur Morgentaler, mais cette fois, en Ontario. Un semblant de déjà vu s’installe. Morgentaler sera acquitté par un jury, la décision sera ensuite renversée à nouveau par la cour d’appel d’Ontario. Mais cette fois-ci, le tout ira jusqu’à la Cour suprême de l’État fédéral canadien. Morgentaler est acquitté à nouveau, mais il en sort gagnant à bien des égards, car la Cour suprême déclare inconstitutionnelle la loi l’ayant d’abord incriminé.
C’était une victoire pour les pro-choix, une victoire historique qui reconnaissait enfin le droit de la femme de disposer ou non de son foetus. Mais là ne s’arrête pas l’aventure périlleuse de Morgentaler.

En 1992, des terroristes posent une bombe dans sa clinique de la rue Harbord, à Toronto. Ils sont prêts à tout pour « re-criminaliser » le nouveau droit fondamental des femmes, même à tuer des innocents. Mais Morgentaler s’en sort indemne, la bombe explose, mais ne lui impute aucune blessure.

En 1993, il gagne un autre combat, celui-ci visant la règlementation provinciale sur l’avortement, il gagne sa cause, donnant ainsi aux conservateurs de nouveaux ulcères et maux de tête.

Depuis 2000, Morgentaler travaille pour ouvrir 2 cliniques « privées **» en Arctique dit « canadien », afin de donner aux femmes de cette région, les mêmes services et droits fondamentaux que celles du sud habitant près des grands centres hospitaliers. Morgentaler a effectué plus de 100 000 avortements dans sa carrière, c’est donc 100 000 femmes qui ont vu leur choix respecté, mais à quel prix? Le combat, visiblement, fut périlleux pour les manifestants, compte-tenu du terrorisme pratiqué à leur endroit.

Qu’importe, aujourd’hui, le même État fédéral canadien lui décerne l’Ordre du Canada, un prix considéré comme prestigieux dans le nouvel État impérialiste de l’Amérique du Nord. Je ne commenterai pas le prix fédéraliste canadien, mais seule la reconnaissance du combat de Morgentaler et des femmes. Bravo à monsieur Morgentaler pour son courage face aux terroristes conservateurs et aux fanatiques! Bravo également pour avoir affronter, dans un échange d’idéologie, l’État fédéral canadien alors réactionnaire à souhait!

Vive la liberté de choisir!

*Apprenez votre géographie, les habitants des États-Unis d’Amérique sont des états-uniens et les habitants de l’Amérique, le continent, sont des américains. L’État bourgeois des états-uniens s’appelèrent ainsi pour légitimer leurs actes terroristes, impérialistes et néfastes en Amérique du Sud et Centrale.

*Je soutiens le combat et la cause de Morgentaler, toutefois, je condamne fermement son combat pour ouvrir des cliniques « privées ». Selon plusieurs études scientifiques sérieuses, dont l’une de la firme IRIS, le privé en santé n’améliore pas l’accessibilité, ni le coût des opérations, au contraire. Les opérations sont plus coûteuses et l’exploitation de la misère des uns, enrichit les bourgeois minoritaires et parasitaires. Je ne peux donc que condamner cette pratique honteuse, tout en soutenant le clan des PRO-CHOIX.