c'était en mars deux mille trois
tom avait fait le scénario
on s'était déguisés
et après la game d'échecs
nico avait pris la caméra
et on avait shooté
super 32
existe encore
sur un ruban d'un format illisible
et peut-être aussi sur un cédérom
on aime ça jouer
même si dans le monde adulte
c'est un peu tabou de ne pas être sérieux
de faire les bouffons
et pourtant sans qu'on se rende compte
c'est bien parce qu'on joue
qu'on a du plaisir dans la vie
comme quand on était petit
et qu'on campait des personnages
qu'on courait comme des fous
qu'on disait n'importe quoi à quatre ans
alors qu'on essayait de compter jusqu'à vingt
en jouant à cache-cache
et seulement parce qu'on joue
on peut dire n'importe quoi
et prétendre qu'on parle anglais ou espagnol
j'adore jouer
quand les gars étaient petits
j'inventais des menteries
des espèces de fabulations
je leur disais que le père nowell existait
et que pleins d'autres choses aussi
je les menaçais de leur donner des punitions
plus grandes que tout l'univers
et je bluffais souvent pour les discipliner
et le fait qu'ils étaient tout petits
naïfs et inoffensifs
m'affranchissait du sérieux et de la rigueur
j'ai tellement joué quand mes p'tits étaient petits
pas que j'aimais jouer
aux autos aux lego ou autres niaiseries
mais j'aimais redevenir petite moi aussi
et faire des folies
crier tout l'air de mes poumons dans splash mountain
et sauter dans les flaques d'eau
courir le plus vite possible
faire des casse-tête
peindre des animaux sur le mur de leur chambre
i mean qui ferait ça dans une autre pièce de la maison
mais je trouvais que c'était permis avec eux
car ils étaient trop petits pour me juger
alors qu'avec les grands
on a l'impression qu'il est interdit de jouer
de se laisser aller à cette folie quotidienne
mais quand on est grand
on joue encore
c'est juste plus subtil
on ne s'en rend pas compte
ce n'est pas jouer
comme dans jouer une partie de pool
ou jouer à l'argent au casino
c'est jouer comme dans déconner
on a tous envie de déconner
l'homme-chat me dit des fois
ne prévois rien
on ne sait pas ce qu'il va arriver après
d'un coup qu'on déconne
l'homme-chat et moi on joue
tous les jours sans savoir qu'on joue
on parle au chat et on répond à sa place
il a sa voix de chat et moi j'ai ma voix de chat
et on se parle en chat à la place du chat
pendant que le vrai chat nous trouve bien idiots
mais on ne sait pas qu'il nous juge
alors on s'amuse
on se fait des scènes et d'autres
comme si c'était des marionnettes
des fois je demande à l'homme-chat
de me parler avec des accents
il les connaît tous
tu dis grec
il imite un grec
tu dis tamoul
il imite un tamoul
il dit tout le temps oui
et jamais non
il s'exécute et je ris
on rit souvent en fait
quand on sort au resto
on se fait l'inside de la facture
à la fin du repas
et on rit tout le temps
encore après dix-huit ans
c'est niaiseux comme on est débiles
mais on aime ça
jouer un peu
quand on ne se trouve plus drôles
on rit des autres
on fait des farces
on les imite
on se raconte des histoires
on joue aux amoureux aussi
ça ce sont vraiment nos meilleurs rôles
et on n'a pas besoin de se prendre au sérieux
c'est tellement facile pour nous
de rentrer à pied du pho bras dessus bras dessous
en amoureux
on aime ça jouer à l'amour
ça nous rend vachement heureux
quand je suis en contact avec les enfants
je retrouve cette envie de jouer
de ne pas me prendre au sérieux
de faire des choses impossibles
de me faire des coiffures
de mélanger les couleurs
de parler des langues inconnues
d'inventer des mots
de souffler des chandelles et chanter fort
de déconner
pour le simple plaisir
pour rire
pour niaiser
pour créer
pour le bonheur de.
play, by moby, l'album complet.