Les biocarburants ont provoqué une envolée des prix alimentaires (rapport)

Publié le 29 novembre 1999 par Erwan Pianezza

LONDRES, 4 juil 2008 (AFP). Le développement des biocarburants a provoqué une hausse des prix alimentaires de 75% depuis 2002, selon un rapport de la Banque mondiale dont le Guardian publie des extraits vendredi.

Ce rapport aux conclusions détonantes a été achevé en avril mais n’a pas encore été publié pour éviter de gêner le gouvernement américain qui soutient que les biocarburants n’ont fait grimper que les prix alimentaires de 3% seulement, selon le quotidien britannique.

Le rapport a observé une hausse de 140% d’un panier de prix alimentaires depuis 2002 jusqu’en février 2008.

Et il conclut que “la hausse des prix de l’énergie et des engrais ont contribué à une hausse de seulement 15%, tandis que les biocarburants ont contribué à une hausse de 75% sur cette période”.

Le rapport rédigé par un économiste de la Banque mondiale, Don Mitchell, va notamment à l’encontre des affirmations du président George W. Bush, selon lequel la croissance de la demande chinoise et indienne est un facteur de hausse des prix alimentaires.

“L’augmentation rapide des revenus des pays en développement n’a pas débouché sur une hausse importante de la consommation mondiale de céréales et n’a pas été un facteur important de hausse des prix”, indique le rapport cité par le Guardian.

Des sécheresses en Australie n’ont pas non plus eu un impact significatif, estime le rapport. Mais c’est l’utilisation croissante de biocarburants en Europe et aux Etats-Unis qui a eu la plus grande influence sur les prix, selon le rapport.

L’Union européenne espère qu’en 2020 10% du carburant pour le transport sera d’origine végétale.

Cependant, l’utilisation de la canne à sucre pour faire du biocarburant au Brésil n’a pas autant d’effets pervers, relève le rapport.

“Sans l’augmentation (du recours) aux biocarburants, les stocks mondiaux de blé et maïs n’auraient pas baissé autant et les hausses de prix causées par d’autres facteurs auraient été plus modérées”, souligne le rapport.

L’auteur ajoute que la course aux biocarburants a créé des distorsions sur le marché alimentaire, détournant une partie des céréales vers les carburants au détriment de l’alimentation, et alimentant une spéculation financière sur le marché des céréales.

Les biocarburants, qui sont pour leurs promoteurs une alternative écologique aux énergies fossiles et permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, seront au menu du G8 au Japon la semaine prochaine, tout comme la hausse des prix alimentaires,

Des groupes de pressions militent pour un moratoire sur le développement des biocarburants.