L’opéra est l’un des rares endroits ou la France d’en haut (l’orchestre) prend transitoirement la place de la France d’en bas (les corbeilles). Tout le monde se mélange pendant les entractes. Bourgeois, salauds de pauvres, étudiants, pédés, pédés bourgeois et pédés étudiants. Le programme ne cesse d’augmenter (en prix) et de rétrécir (en poids). Les prosélytes lyriques se devaient naturellement d’assister à Don Carlo, dernier Verdi de la saison. Mais que sont les prosélytes lyriques me direz-vous ? Tout simplement une joyeuse troupe de blogueurs (et d’autres) initiée par la fée Kozlika. Le principe est très simple. Se rendre à tour de rôle devant les portes de l’opéra Bastille à la fraiche, faire le tapin pendant quelques heures et prendre des places peu onéreuses mais vraiment bien situées. Chaque personne peut prendre un maximum de quatre places et tout le monde s’inscrit sur une page Wiki. En cas de fringale, Madama Abricot réconforte les troupes en offrant des fruits secs et du café est gracieusement offert par l’opéra.
Nous étions curieusement peu nombreux à assister à cet Opéra. Kozlika et Akynou étaient vêtues de tenues estivales et Gilda venait directement de son usine en tailleur. Traou a fait une brève apparition en voisine pour nous remettre nos places. Frank Paul et Joel étaient également du voyage, et Oli jouait une nouvelle fois à la bourgeoise avec son abonnement. Verdi, c’est toujours plus ou moins la même chose. On est rarement déçu et l’histoire d’amour, trame du livret, se termine généralement mal. Cet opéra est censé se dérouler au seizième siècle en Espagne, peu de temps après la mort de Charles Quint et en pleine inquisition.
Après des années de bisbille entre la France et l’Espagne, la paix est enfin scellée par les fiançailles de Carlo (petit-fils de Charles Quint) et d’Elisabeth de Valois (fille d’Henri II et de Catherine de Médicis). Manque de chance, Philippe II, le père de Carlos, décide de griller son fils en épousant la jolie française alors âgée de 14 ans. Ambiance. Kozlika commence à sucer son premier bonbon acidulé. Carlito est désespéré et se confie à son meilleur ami Rodrigue. A ce moment bien précis, l’Espagne commençait à affronter la Russie sur une pelouse imbibée de pluie au Ernst-Happel Stadion. Rodrigue est à deux petits doigts de fricoter avec son meilleur ami. Ah les femmes, toutes les mêmes. Au moins, entre garçons, on ne parle ni cuisine ni chiffons. Il le convainc de s’éloigner de cette gourgandine et d’aller guerroyer dans les Flandres. Les combats virils, le contact des corps musclés et la franche camaraderie, sont décidément d’excellents remèdes pour oublier un chagrin d’amour. Un peu plus à l’Est, les Russes semblaient vraiment anémiques en étant dominés par le jeu agressif de la Roja. Snooze a vite commencé à avoir mal au cul et m’a maudit de ne pas lui avoir indiqué que l’opéra allait durer près de quatre heures.
Rodriguounet remet en douce à Elisabeth un billet de Don Carlo. Les tourtereaux se rencontrent en secret. Carlo se la joue tapette en s’évanouissant d’émotion. Xavi marque à la cinquantième minute et offre l’avantage à l’Espagne. Le portable de Kozlika se met à sonner et à vibrer. Philippe II sent qu’il y a hippopotame sous caillou et le fait savoir à sa reine. Mais l’amour est plus fort que tout. Carlo se rend à un rendez-vous et déclare sa flamme à une femme voilée qu’il pense être Elisabeth. Le crétin s’est dévoilé à la Princesse Eboli qui apprécie moyennement et jure de tout balancer au Roi. Güiza marque un deuxième but à la 73ème minute et Kozlika avale un autre bonbon juste avant l’entracte et la pause cigarette-soda-sandwich.
L’ambiance devient vite plus austère. Le peuple se rassemble pour assister au bucher des hérétiques. Carlo choisi mal son heure et profite de l’occasion pour faire un plaidoyer pour la cause flamande. Le Roi refuse à Carlo sa demande de gouverner les Flandres. Colère, il tire son épée devant son papounet et se fait arrêter. Le grand inquisiteur confirme au roi qu’il sera bien pardonné par Dieu s’il condamnait son propre fils à mort. L’inquisiteur profite de l’occasion pour demander la tête de Rodrigue qu’il juge un peu trop subversif. Cerise sur la paella, la Princesse Eboli trahit Carlo en donnant au roi la preuve de son cocufiage. Silva marque un troisième but qui achève l’équipe Russe et Snooze chipe une nouvelle fois ses jumelles à Kozlika. Rodrigue finit par se sacrifier pour le couple mais Verdi reste Verdi. Le roi soupçonne toujours Carlo de soutenir les Flamands et veut à nouveau l’arrêter. Carlo finit en brochette, transpercé par une épée, et Kozlika fut transportée d’urgence à l’hôpital suite à une chute brutale de glycémie.
Plus de peur que de mal car je l’ai retrouvée rayonnante hier soir au Paris Carnet. Traou, en croqueuse, était également de la partie, tout comme Garfieldd, Pascal imbibé de canard, Richard et son gros engin, ma copine Fauvette, et Bénédicte toute bronzée avec un truc fluo dans les cheveux. Fiso a profité de l’occasion pour me présenter Lancelot. Un peu plus loin, Colin et Henrisson tapinaient avec classe et brio sur le trottoir. Ils jalousaient ma jolie paire de Birkenstock tandis que Matoo discutait avec une grappe d’inconnus. J’ai quitté la joyeuse troupe de très bonne heure car j’avais juré à mon cher et tendre que je n’y resterais qu’un petit quart d’heure.
Le quart d’heure s’est transformé en deux toutes petites heures de rien du tout et mon crétin de nain m’a fait une scène en rentrant. J’ai heureusement trouvé une excuse im-pa-rable dont j’ai le secret et j’ai profité de l’occasion pour lui rappeler qu’il m’avait abandonné la veille pour aller se pinter jusqu’à l’aube avec Nono et Joseph.
Pan dans les dents.
Addendum : Je viens tout juste de m’apercevoir qu’un Bisounours avait assisté à Don Carlo Jeudi dernier.