Ce billet est une ode aux lavomatics, dont j’aime beaucoup l’ambiance ;) et le titre un clin d’œil au film de Stephen Frears, tiré du livre du même nom, d’Hanif Kureishi (un auteur Anglais que j’aime beaucoup).
Donc! parfois, quand nous rangeons le nid en chœur, transis d’amour et de tendresse (huhuhu), il nous arrive Chéri et moi de tomber sur un problème d’apparence insurmontable. En réalité il l’est toujours (surmontable) mais au début, non (pour faire durer un peu le suspens et que nous nous tirions les cheveux en nous demandant quoi faire). (Mais peut-être sommes-nous d’incorrigibles paresseux qui aimons que tout roule, bien gentiment?). Le problème insurmontable de cette semaine a été de constater, une fois nos couettes, couvertures polaires et batterie de linge de maison bien étalés sous nos yeux (l’hiver austral fait des ravages le soir sous les tropiques), que nous n’avions pas de machine assez grande ne serait-ce pour une seule couette. Damned. Prenant notre courage à deux mains (ce qui laisse peu de place aux deux énormes baluchons de couettes), nous nous sommes dirigés vers une laverie automatique d’aspect assez sympathique, pour mettre la main sur deux grandes machines de 16 kg (pas moins). Pendant que notre linge moussait, tournait et retournait, hypnotique, je me mis à rêvasser (c’est un peu le but, de faire passer le temps, dans les lavomatics). Je me suis dit que ce serait bien d’avoir sa propre laverie automatique. Tiens, comme dans le film (pousserais-je le bouchon jusqu’à l’appeler aussi “My Beautiful Laundrette” ? mais il me semble que grâce au film ce nom est devenu un incontournable des lavomatics…). Déjà je referais la déco et les couleurs, parce que c’est toujours plus agréable quand c’est joli et coloré. Et j’y mettrais aussi des sièges plus confortables. Et là je me suis carrément envolée, telle Mary Poppins, au-dessus des immeubles grisâtres, emportée dans mes rêves de lavomatic. Plus sérieusement, laverie ou pas, je me suis dit que ça doit être super d’être son propre patron et d’avoir sa propre petite entreprise. Du coup je me suis promis de lister les choses qui me plairaient bien, et de voir ce que je pourrais être (oui j’aime bien rêver, et alors?). Peut-être que si cette liste aboutit, et que j’y vois quelque chose de cohérent et réalisable, je ferais le pas d’aller voir la cellule régionale de création d’entreprise, qui sait ? Et vous, parmi vous y a-t-il des téméraires qui se sont lancé dans l’aventure ?
Bon, sinon la réalité m’a brutalement ramenée à moi et à la laverie réelle, grise avec ses sièges en plastique froids, quand les machines se sont mises à couiner (bien sûr! que ça couine une machine qui a terminé son cycle!) et qu’il a fallu qu’on transvase le linge dans le séchoir géant (là aussi c’était marrant de voir le linge s’animer et danser la danse de saint-guy sous l’impulsion des jets de vapeur –oui je sais, un rien m’amuse, que voulez-vous je suis très joueuse). Patientant derrière le distributeur automatique de lessive en poudre, j’ai aussi remarqué les côtés déplaisants du métier ; des clients qui carottent des pièces et jurent leurs grands dieux qu’ils n’y sont pour rien, ce qui oblige le gérant de la laverie à démonter la machine pour leur prouver le contraire ; et là ça proteste, ça campe sur ses positions, bref, bonjour l’ambiance tendue. (Et je ne parle même pas des prises à partie : “La dame elle a tout vu! je mens pas!” “Vous avez tout vu, il paraît, madame?” maaaais laissez-moi tranquiiiiille derrière mon distributeur de lessive!). Il y a des gens qui s’en vont, et laissent tranquillement leur linge occuper les machines alors que la lessive est finie. Comptant sans doute sur les autres pour le leur ranger dans une bassine, merci. Ceux qui font n’importe quoi et appuient sur n’importe quel bouton, ce qui invariablement fait coincer les machines (merci monsieur le gérant de venir voir ce qui ne va pas!). Bon là, y’a pas eu, mais j’imagine ceux qui s’en vont gentiment avec le linge de quelqu’un d’autre, qui viendrait faire un scandale pour qu’on le lui rembourse (super! finalement est-ce bien une bonne idée, une laverie?). L’odeur enchanteresse de la lessive et de l’assouplissant ne fait pas tout et ne calme pas tout le monde, apparemment.
Chéri et moi nous sommes éclipsés, laissant là les esprits chagrins, et sommes retournés au nid, les bras chargés de literie fleurant bon le frais… Il y a des petits bonheurs inquantifiables, dans la vie!