Hu Po signifie ambre en chinois et de fait l'adresse de ce restaurant est précieuse, d'autant que le restaurant n'est pas très remarquable depuis la très belle place de la République.
Cette situation ne l'empêche pas d'afficher complet régulièrement parce que les habitués sont fidèles au déjeuner et reviennent volontiers le soir pour une ambiance plus gastro. Le restaurant qui a ouvert en 2014 s'est taillé une jolie réputation.Que la capitale dijonnaise ait un restaurant chinois gastronomique m'avait quelque peu surprise. On a tellement l'habitude de ce qu'il faut bien reconnaitre comme étant au pire des bouisbouis, au mieux des cantines exotiques, que la recommandation valait d'être suivie.
Surtout avec une formule déjeuner annoncée aux alentours de 12€ pour entrée-plat-dessert.
La serveuse m'apporta l'ardoise sans chercher à me convaincre de choisir à la carte. C'est rare. Je décidais donc de lui faire confiance pour décider du plat. Par contre je savais que je prendrai la Salade d'émincé de filet mignon parce que j'adore les baies de Sichuan et qu'elle m'avait prévenue de l'assaisonnement du plat.J'apprécie aussi que les couverts soient complétés par une paire de baguettes que j'ai utilisées par respect pour le cuisinier et par plaisir aussi. L'assiette arrive assez vite. Appétissante.Des germes de soja se cachent sous les lamelles de poivron. La sauce est légèrement aillée, un peu pimentée, réhaussée par le gingembre. Je connais bien la spécificité des baies de Sichuan (qui ne sont pas un poivre malgré le terme qu'on emploie pour les désigner). Leur piquant pétillant me plait. Aussi je ne suis pas déroutée lorsqu'une baie explose en bouche, chatouillant la moitié de mon palais. Un néophyte aurait pu s'inquiéter et je pense qu'il est prudent de prévenir le client de la qualité de ce produit.
A signaler que les végétariens ne sont pas oubliés. Plusieurs plats leur convenant sont à la carte, et même au menu.A une table voisine, on a commandé un poulet Sichuan, une des grandes spécialités du chef, et je suis étonnée que les clients partent en laissant la moitié du plat. C'est que si la viande est disposée sur un lit de piments qu'il ne faudrait pas s'aviser de croquer. Ils ne sont là que pour donner du goût. J'apprends aussi que la coutume veut qu'on ne finisse pas son assiette. Tout manger est une impolitesse. Cela signifie à la maitresse de maison que la portion était trop petite, voire insuffisante. Pourtant, et je m'en excuserai, tout fut trop bon pour que je me prive.Une vitre épaisse sépare la salle des fourneaux, préservant l'espace restauration des odeurs, et du bruit, mais pas de la vue. Les flammes montent haut en cuisine pendant que je déguste le plat suivant, Aubergine sautée à la viande hachée, preuve que le chef cuisine au fur et à mesure. Il est très concentré sur son wok mais son sourire éclate lorsqu'il jette un oeil en salle.L'aubergine est fondante, parfumée, très gouteuse. La viande hachée est presque grillée. C'est délicieux.Shuchun Yu, qui est le chef, dira de sa cuisine qu'elle ressemble à ce qu'on mange "tous les jours à la maison". C'est parce qu'on ne fait pas de nems chez ses parents qu'il n'en a pas inscrit sur la carte. En Chine, la cuisine du Sichuan fait référence et est réputée pour être une des meilleures. Voilà pourquoi il a choisi de la privilégier, bien qu'il ne soit pas originaire de cette région. Comme elle est épicée et plutôt piquante il a adapté les plats aux goûts occidentaux ... sauf peut-être le fameux poulet aux piments afin de satisfaire aussi une clientèle chinoise. De fait j'entends parler plusieurs langues orientales tout autour de moi même si je ne suis pas la seule française, loin de là.La musique est aussi une source d'étonnement. Les airs de jazz s'enchainent agréablement. Au fond il n'y a pas de surprise à avoir. Le lieu est raffiné, avec une décoration évocatrice de la Chine, mais soignée, et loin des clichés que l'on peut souvent rencontrer.
Arrive le moment du dessert, ce qui, vous me l'accorderez, est rarement source de plaisir dans ce type de restaurant. Mais Hu Po n'est pas comme les autres. J'ai gouté une spécialité, qui est préparée en Chine à l'occasion de fêtes particulières, deux Boules de riz gluant enrobées de cacahuète hachée, qui embaumaient lorsqu'on me les a servies tièdes.Il fallait attendre un peu : elles sont faites au dernier moment et on recommande de ne pas attendre qu'elles refroidissent pour les déguster, faute de quoi la pâte durcirait. J'ai eu la chance de goûter à deux parfums, le jaune d'oeuf et la crème de sésame noir. C'est aussi étonnant que bon.La carte change souvent et le menu-ardoise est renouvelé tous les jours pour satisfaire une clientèle d'habitués. Vous remarquerez que le prix des vins servis au verre est très raisonnable.
Mais la maison dispose aussi d'une excellente cave, très inhabituelle dans ce type de restaurant qui ... ne l'oublions pas est installé dans la capitale bourguignonne. Il existe une seconde explication : un des associés possède un diplôme de sommelier.
C'est donc en toute légitimité qu'il affiche plusieurs bouteilles "à trois chiffres", par exemple un Vosne-Romanée (bio) ou un Clos de Vougeot Grand Cru 2014 dont le prix grimpe à 400 €.
J'ai très envie de revenir pour goûter cette fois à des spécialités dont je ne peux même pas imaginer la saveur comme la peau de méduse, le boyau de porc confit (servis avec une pâte d'ail et d'arachide maison) ou le pied de cochon.
On règle au bar en partant.
Hu Po2, Rue Georges Clemenceau, 21000 Dijon03 80 73 66 10Déjeuner jusque 14 h 30 et dîner jusque 22 heures
Fermé mercredi soir et dimanche midi