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Gerard Manley Hopkins – A quoi sert la beauté mortelle ?

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Gerard Manley Hopkins quoi sert beauté mortelleA quoi sert la beauté mortelle (elle a ses dangers, fait danser
Le sang) les traits -ô quel camée- projetant plus fière figure
Qu’aucun menuet de Purcell ? A ceci qu’elle attise en l’homme
Un zèle ardent pour ce qui est ; l’instruit du bien quand un coup d’oeil
En apprend plus que de longs regards qui feraient perdre contenance.
Ces beaux garçons chus frais-mouillés naguère d’un autan de guerre,
Comment sinon Grégoire, un père, eût-il pu les glaner dans Rome
Pullulante ? A notre pays un Dieu donna cette chère chance.

A l’homme féru d’adorer la pierre stérile ou le bois,
Aime le plus digne d’amour en ce monde, dit notre loi,
Le self des hommes; le self sourd de la membrure ou de la face.
Mais quel accueil faire à beauté ? Tout simple : reconnais, recueille
En ton coeur ce doux don du ciel ; puis laisse, laisse-le tranquille,
Sauf à lui souhaiter de Dieu la beauté suprême, la grâce.

*

To what serves Mortal Beauty?

TO what serves mortal beauty ‘ —dangerous; does set danc-
ing blood—the O-seal-that-so ‘ feature, flung prouder form
Than Purcell tune lets tread to? ‘ See: it does this: keeps warm
Men’s wits to the things that are; ‘ what good means—where a glance
Master more may than gaze, ‘ gaze out of countenance.
Those lovely lads once, wet-fresh ‘ windfalls of war’s storm,
How then should Gregory, a father, ‘ have gleanèd else from swarm-
ed Rome? But God to a nation ‘ dealt that day’s dear chance.
To man, that needs would worship ‘ block or barren stone,
Our law says: Love what are ‘ love’s worthiest, were all known;
World’s loveliest—men’s selves. Self ‘ flashes off frame and face.
What do then? how meet beauty? ‘ Merely meet it; own,
Home at heart, heaven’s sweet gift; ‘ then leave, let that alone.
Yea, wish that though, wish all, ‘ God’s better beauty, grace.

***

Gerard Manley Hopkins (1884–1889)Poèmes et Proses

(Points Poésie, 2007) – Traduit de l’anglais par Pierre Leyris.


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