Editions Flammarion
Février 2018
270 pages
19,90 euros
Roman contemporain
Quatrième de couverture : La loi de Murphy n'est rien comparée à la loi d'Enaid : tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera plus mal encore qu'on aurait humainement pu le prévoir. Après avoir été quittée à Gdansk par téléphone, Enaid se rend à l'évidence : les fées qui se sont penchées sur son berceau ont dû s'emmêler les pinceaux. Comment expliquer, sinon, la sensation qu'elle a depuis l'enfance qu'il lui a toujours manqué quelqu'un ? Il y a de quoi se poser des questions quand les parents adoptifs sont en fait les grands-parents, que la mère est danseuse de nuit, que le père change de religion comme de famille, que les bunkers de l'ETA servent d'école buissonnière.
Et que l'accident d'un instant devient la fracture de toute une vie... On peut se laisser choir ou faire le saut de l'ange. Etre boiteux ou devenir un flamant rose. Sur ses jambes fragiles, tenir en équilibre avec grâce par le pouvoir de l'esprit, un humour décapant et le courage de rester soi.
Après avoir lu L'homme idéal existe Il est québécois, j'étais très curieuse de découvrir ce nouveau roman de Diane Ducret car son écriture a un je ne sais quoi d'humour à la fois piquant et juste, mais qui est sensible. Puis le titre tout comme la couverture m'ont énormément plu et je voulais absolument connaître quelle était cette manière de marcher, celle du flamant rose... une métaphore filée et curieuse que l'on retrouve dans le livre qui a des allures de roman autobiographique (mais je n'en suis pas sûre lorsque je l'ai lu). Tout commence lorsque Enaid se fait larguer par téléphone alors qu'elle est à Gdansk. A partir de cet évènement qu'elle analyse avec sens critique, acidité et humour, elle va nous raconter comment, depuis sa naissance, elle se sent complètement en décalage et malchanceuse. Elle qui a toujours ressenti comme un manque : d'une mère ? d'un père ? d'un adulte aimant ?...
Des parents adoptifs stricts et conservateurs qui l'ont poussé trop tôt à quitter la vie pas forcément tendre de l'enfance pour galoper dans les bars et les bunkers radicalistes. Qui la pousse à aller vivre à Paris et rencontrer un mentor qui n'est autre qu'un maniaque obsédé par le contrôle...
Je pourrais vous raconter toutes les mésaventures de Enaid et si vous vous attendez à lire un roman feel-good, passez votre chemin car le propos est beaucoup moins drôle que ça, même si la plume de l'auteure ne manque pas de fantaisie, de frivolité et de réjouissances. Avec sa couverture aux couleurs tendance, je m'attendais à lire une comédie romantique légère. Le début du texte va dans ce sens en entrant dans le quotidien d'Enaid, la lecture est assez agréable et l'humour rafraîchissant de l'auteure apporte sa dose d'optimisme. Mais très vite j'ai perdu cette douce illusion car le récit bascule vers un propos plus sérieux et grave qui parle de handicap, d'abandon, d'enfance ballotée et effacée, d'adolescence volée et d'accidents de la vie. J'ai été émue et je ne m'attendais pas à cette dimension intimiste et autobiographique.
Au final j'ai passé un bon moment de lecture avec le récit de cette femme devenue forte malgré elle, qui a dû faire face à des situations extrêmement difficiles mais qui nous donne sa clé pour continuer à avancer tout en boîtant, avec sa fragilité, ses blessures et sa sincérité. Comme le flamant rose qui tient en équilibre sur une seule patte mais tient quand même debout. Ce récit a su m'émouvoir et m'attendrir, me captiver par moments autant qu'un thriller. Elle n'a pas vécu des choses faciles et des fois le roman est palpitant et on se demande comment elle va s'en sortir. Et quand on sait ce que Diane Ducret a vécu et qu'on la voit à la télé, et bien tout ce roman prend une autre tournure, avec un message lumineux et touchant, fort qui nous invite à espérer plutôt qu'à pleurer, à vivre même de manière imparfaite tant qu'on avance.