C'est une bien triste nouvelle !
Claudine Luypaerts, née à Ixelles (Belgique) le 12 novembre 1960, n’aurait pas pu envisager une carrière dans la chanson avec un nom pareil ! Alors elle décida de s’appeler Maurane comme un clin d’œil à Francis Morane, le metteur en scène de Starmania, la comédie musicale de Michel Berger, œuvre dans laquelle elle se révéla !
La jeune belge modifia l’orthographe et changea l’O en AU (tandis que Jésus changeait l’eau en vin) pour éviter l’amalgame avec un certain Bob, un aventurier égaré dans une vallée infernale et à la recherche d’une ombre jaune !
Car Maurane ne recherche aucune ombre. Elle est en quête de lumière musicale. Sa voix puissance et généreuse, enluminée de blues, va l’aider à se faire repérer.
Aidée par un contexte familial favorable (mère pianiste et père directeur de l’académie de musique de Verviers), la jeune femme se lance dans des concours de chants. A 19 ans, elle fait partie du spectable « Brel à mille temps » mais Pierre Barouh, compositeur, n’a pas mis le temps pour l’apercevoir ! L’homme de chabadabada, et patron du label Saravah, lui fait signer ses premiers contrats.
Mais, comme dirait l’autre, les minables cachets ne lui permettent pas de se voir en haut de la fiche, en dix fois plus grand que n’importe qui. Alors Maurane joue la Piaf, chante dans les rues, les cafés-théâtres. Elle se rode devant un public parfois ingrat.
L’artiste sort vraiment de l’anonymat en 1986 avec son premier single, Danser. Son timbre exceptionnel devient son meilleur atout pour lui ouvrir les portes. Elle intègre la troupe de Starmania. Elle reprend le rôle de Marie-Jeanne, jadis tenu par Fabienne Thibaut.
Son deuxième album, intitulé Maurane, sort en 1989. Le succès se confirme alors, avec des titres comme Où es-tu ? Toutes les mama. L’artiste commence vraiment à se faire apprécier pour ses interprétations naviguant entre Blues et Jazz qui ne sont pas sans rappeler celles d’un certain Nougaro, pour lequel son admiration est sans borne.
En 1991 sort l’album Ami ou ennemi ? qui confirme le succès déjà obtenu ! Il s’écoule à près de 450.000 exemplaires grâce à des titres comme Mentir et surtout la ballade Sur un prélude de Bach signée Jean-Claude Vannier et qui aura un impact retentissant sur sa carrière. Cette chanson est une pure merveille de poésie, d’amour pour Jean-Sébastien et son génial interprète, Glenn Gould.
Elle signe d’autres albums, remplit la scène de l’Olympia et reçoit le Prix de la meilleure interprète francophone aux Victoires de la musique, en 1994.
Généreuse et belle dans le dévouement, elle s’investit dans les actions caritatives, se mobilise contre le Sida (Sol en Si), contre la misère qui touche les déshérités (concert des Enfoirés).
En 2000, elle sort un album plus grave, inspiré de la disparition de son père, intitulé Toi du monde, et dans lequel elle signe l’un de ses plus beaux titres, L’Homme qui m’a le plus manqué.
Puis, fortement liée d’amitié avec Lara Fabian, elle chante avec elle, Tu es mon autre, en 2003. Elle sort un album collectif avec des amis, Quand l’humain danse, et s’embarque pour une tournée triomphale de la France à la Belgique.
Malheureusement la chanteuse connaît des problèmes de santé. Elle doit subir une opération destinée à sauver ses sublimes cordes vocales qu’un œdème vient infecter. L’intervention et la convalescence la tiendront éloigner de la scène jusqu’en 2018.
Alors, pleine de projets, elle prépare un album hommage à Brel, le grand Jacques, aussi cher en son cœur que le Toulousain en mal de ne pas être Armstrong.
Hélas, sans crier gare, la camarde l’arrache à la vie ! Ce cœur qui avait si longtemps nourri la profondeur de son chant, ce cœur si généreux entremêlé aux clartés de l’âme, ce cœur lâcha !
Maurane s’en est allée rejoindre Jacques, Claude pour combler la monotonie du ciel de son insondable lyrisme, au fil de cette voix tellement puissante et douce à la fois, comme les caresses d’une âme sur des silences de lumière que viennent transcender les vibrations d’une immense profondeur d’authenticité.
Les premières mesures du prélude de Bach Et la voix de Maurane qui remplit mon silence L’émotion dans le cœur en grise nitescence Frissonnements de l’âme dans les vents élégiaques
Au plus profond du temps, tirée d’un doux secret L’émouvante rivière de ses notes sauvages Suit le cours d’un ruisseau préservé des ombrages Et qu’ondule le vent de soupirs passionnés
Magie des vibrations dans l’écrin des prières Comme le vol éphémère des longues libellules Au-dessus de l’étang qu’étreint le crépuscule
Blanches méditations qu’une gorge sublime Troublante mélopée de généreux abîmes Où nichent les oiseaux inondés de lumière...