Jusqu’à ce jour, les aristocrates britanniques voulant profiter des joies de la nature au volant de voitures tout-terrain avaient le choix entre la spartiate Land Rover et la plus chic Ranger Rover. Désormais, ils pourront le faire au volant de leur Rolls. Le prestigieux constructeur a enfin officiellement dévoilé hier le Cullinan, son tant attendu SUV. Enfin, dévoilé est peut-être un bien grand mot: voilà plusieurs mois que des images volées de la voiture circulaient. Même le National Geographic s’était fendu d’une sublimes vidéos sur le sujet, « The Final Challenge », à visionner ici.
Après Porsche, Maserati, Mercedes, Bentley, Lamborghini et bientôt Ferrari, Rolls-Royce cède donc aussi à la déferlante SUV. Il faut dire que dans certains pays – tels que la Suisse – les ventes de ce type de véhicules atteignent près de 50%. Pas question de laisser échapper une telle manne. Mais comme toujours chez Rolls, on a abordé le problème différemment. A commencer par la taille de l’engin: le Cullinan mesure 1,84 mètre de hauteur 5,34 de long et 2,16 mètres de large, et perche son poids de 2,66 tonnes sur des roues de 22 pouces de diamètre. En fait, il a été conçu pour que la reine puisse s’y assoir tout en gardant sa couronne sur la tête. Un détail moins anecdotique qu’il n’y paraît, puisqu’il fait référence au petit nom choisi pour ce modèle, dont voici l’histoire.
Le Cullinan est le plus gros diamant jamais découvert. Trouvé en 1905 en Afrique du Sud par un certain Sir Thomas Cullinan, il pesait à l’état brut la bagatelle de 3’106 carats, soit 621,2 grammes. Il fût ensuite offert au roi Édouard VII, arrière grand-père de la reine actuelle. Son transport depuis l’Afrique jusqu’à Londres en 1907 fût assez inattendu: l’on fit croire à tous qu’il se trouvait à bord d’un navire protégé par un convoi fortement armé, alors que le diamant fût tout simplement expédié par la poste en paquet ordinaire. Il fût ensuite divisé en 9 plus petits morceaux avant d’être taillé: les deux plus gros morceaux devinrent le Cullinan I et II. Le Cullinan I est serti sur le sceptre impérial britannique alors que le Cullinan II orne la couronne britannique. Vous avez suivi l’histoire du clin d’oeil, dites?
Revenons-en à notre terrible engin. Le Cullinan est construit sur la nouvelle plateforme maison, un « châssis » en aluminium portant le nom de code de « The Architecture of Luxury » – oui, on est un peu grandiloquents, chez Rolls – qu’il partage avec la Phantom VIII. Il est équipé d’un moteur V12 de 6,75 litres dont la paire de turbos permet une puissance de puissance à 571 chevaux et un couple de 850 Nm. Première Rolls-Royce à transmission intégrale 4×4, elle bénéficie également de quatre roues directrices. Selon le constructeur, le cumul de ses deux fonctions améliorerait les capacités tout-terrain du véhicule. D’ailleurs, le Cullinan dispose de programmes électroniques spécifiquement destinées à tous les types de surfaces, sur simple sélection depuis une commande centrale. Des modes off-road dédiés à la piste, à l’herbe mouillée, au gravier, à la boue, à la neige et bien entendu au sable, puisque nombre d’exemplaires se retrouveront certainement sous le climat chaud du Moyen-Orient. Quoi qu’il en soit, Rolls-Royce a mis un point d’honneur à ce que cette modularité soit compatible avec sa technologie « Magic Carpet Ride », un effet «tapis volant» qui déconnecte les occupants du véhicule de la route grâce à un système combinant la suspension hydropneumatique, les informations de deux caméras filmant le terrain foulé et la boîte de vitesses automatique ZF à 8 rapports qui connectée au GPS pour anticiper les virages.
Du côté du style, les amateurs de la marque ne seront pas trop dépaysés: toujours la même calandre dramatique dominée par la statuette de la « Flying Lady ». Les places arrière, auxquelles on accède grâce aux spectaculaires portes « suicide » (s’ouvrant à l’envers), sont disponibles en deux versions: deux fauteuils individuels séparés par un bar réfrigéré, ou une banquette pouvant accueillir trois occupants. Et parce qu’on a beau faire partie de l’aristocratie, on n’en reste pas moins moderne, le Cullinan est équipé d’un réseau wifi de bord.
Quand au coffre, gigantesque, il peut être aménagé pour s’adapter aux loisirs de l’acheteur grâce à l’option «Recreation Module»: drone, pêche, photographie, escalade, parapente,… le summum étant le module «Viewing Suite»: deux sièges en cuir et une table s’escamotant du plancher du coffre. De quoi, selon les dires de l’attachée de presse de la marque, « assister à un événement hippique ou surveiller les enfants s’adonnant à une activité sportive ». Sinon simplement pouvoir s’assoir pour contempler son panorama préféré, ou plus prosaïquement marquer la différence lors d’une conversation impromptue avec des amis moins fortunés, qui resteront, eux, debout. Les pauvres.
Dates de livraison et prix suisses n’ont pas encore été annoncés, le Cullinan bénéficiant d’un lancement spécifique pour notre marché à l’occasion du prestigieux Concours d’Elégance Suisse qui se tiendra du 22 au 24 juin prochain dans les jardins du Château de Coppet.
– Jorge S. B. Guerreiro
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En Suisse Romande, Rolls-Royce est disponible chez Prestige Motor Group à Nyon