Ah, le festival de Cannes. Ses paillettes, son sable chaud et son étalage de glamour sur tapis rouge. Qui n’en rêverait pas ? Je m’en souviens moi-même comme si c’était hier, priant pour ne pas dégringoler pendant la montée des marches devant tout ce beau monde. Imaginez la honte. Même si, disons-le franchement, ce genre d’accident passe complètement inaperçu lorsqu’il n’arrive pas par malheur à une célébrité.
Car c’est aussi ça, la magie du festival : l’attente presque inavouable que l’une de ces stars tant adulées par nous – pauvres mortels – commette un faux pas. Un téton qui sort, une robe qui se déchire, un discours qui se termine en bide : on y a presque droit chaque année. A croire que ça fait partie du rituel. Rituel sur lequel des millions de fans ont les yeux rivés à l’affut de la prochaine bourde, se délectant du rapport ambigu d’amour-haine qu’ils entretiennent avec les people. Peut-être parce que le moindre dérapage redonne un peu d’humanité à ces demi-dieux, qui d’ailleurs n’en sont plus vraiment depuis qu’ils exposent leur quotidien (avec son lot de banalités) sur les réseaux sociaux. Tombé de son piédestal, l’objet de notre adoration en deviendrait presque plus attachant.
C’est dans ce même esprit que l’on s’émerveille de l’effervescence cannoise tout en se disant que cette démonstration de superficialité en est presque indécente dans un monde qui ne risque plus de tourner rond très longtemps. C’est pourtant l’essence même du cinéma : nous faire rêver d’un ailleurs tellement vrai que l’on en oublie, le temps d’un film, que ce n’était qu’une fiction. Jusqu’au prochain épisode.
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