Après s'être présentées , nous savions que les thèmes abordés seraient la deuil , la maladie, la dépendance voulue ou non donc autant vous dire des thèmes forts.
Y a t-il des thèmes plus graves que d'autres? Y a t-il des sujets qu'on ne peut pas aborder en romance? Ou des sujets tabous?
AK : Un sujet grave parle de la condition humaine, d'expériences , de vécu douloureux , de décès à surmonter ou d'expérience qu'on a pas choisi de vivre. Il n'y a pas de sujets tabous car la romance peut aborder tout sujet . La seule chose à éviter est de tomber dans le pathos juste pour faire pleurer.
SR: Il n'y a pas de tabous car on peut parler de tout. Il faut juste savoir ce que l'on veut faire ressentir. Un thème grave va varier selon le vécu.
LSA : Un thème grave peut être la violence conjugale , le viol, la prostitution , les violences faites aux femmes et ce sont des thèmes qui lui tiennent à coeur. Il n'y a pas de tabous mais il y a des thèmes qu'elle ne veut pas aborder comme la pédophilie. Il faut faire attention à ne pas banaliser car dans la romance il n'y a pas toujours de limites et les gens peuvent en souffrir car pour eux ce sont des thèmes réels.
SC: Il existe une différence entre la romance écrite pour faire vendre et celles qui existent pour aborder des thèmes graves avec sensibilité. Il y a un rôle à jouer dans l'histoire et nous devons assister au voyage du personnage. Il n'y a pas de tabous car en parler c'est un moyen pour le héros d'atteindre cette paix .
A quel moment faut il placer des éléments graves? Au début ou pendant le déroulé de l'intrigue? Comment gérer les transitions, les moments de tristesse, les prises de conscience et les renversements?
AK : Il faut tenir compte des meurtrissures et ne pas heurter le public juste pour le besoin de choquer. . On a des personnes dans l'entourage du héros et on a pas envie de les torturer .
SR: Elle ne le fait pas au début mais ça peut aussi dépendre du livre. Si un drame survient dès le début, le livre existe grâce à ce drame. Pour les fins dramatiques, cela dépend de ce qu'on veut faire ressentir.
LSA: Dans ses romans, le drame survient dès le début car cela donne une direction au roman et elle aime faire le suivi psychologique . On a donc la reconstruction et les séquelles selon la maltraitance.
SC: Il n'y a pas de formule précise. Dans sa saga Preload, ses héros vivent dans des foyers et elle a basé leur histoire sur le roman " The boy who was raised like a dog" ( Le garçon qui a été élevé comme un chien) qui est un roman autobiographique où des enfants sont victimes de maltraitances. Ce sont des histoires vraies. Par exemple dans Lennon, son dernier roman VO, le héros vit un traumatisme dès le début. Elle a reçu des mails de lectrices qui à 12% lui disait qu'elle la détestait (rires) d'avoir fait cela. L'idée est de voir ensuite s'il y a un happy end ou pas et de ce fait l'impact dure plus longtemps. Il faut un juste équilibre entre le léger et le côté sombre.
Elle mentionne une lectrice qui a été cambriolée , violée et son agresseur a été en prison pour 20 ans. C'est une histoire terrible et elle a réussi à trouver un peu d'humour pendant un bref instant avec sa colocataire car elle a assommé son assaillant avec une poële et son amie lui a dit mais pourquoi tu n'as pas pris le couteau . Elle a pu en rire un peu en dehors de sa souffrance.
Quelles sont les recherches faites pour les thèmes graves?
AK: Elle est kiné donc elle utilise la souffrance physique car elle les aide à se reconstruire . Elle a sa vie privée et sa vie professionnelle pour trouver de l'inspiration.
SR: Elle a eu besoin d'extérioriser sa souffrance et son livre est comme une thérapie car les mots pouvaient transformer cette souffrance. C'est un thème qui touche beaucoup de personnes donc ça peut donner de l'espoir; Le prochain thème sera sur les enfants et elle le fait toujours avec douceur et elle pèse donc ses mots.
LSA: L'écriture est en effet une thérapie car elle a vécu 7 ans avec un homme alcoolique et violent. Elle a mis des passages de sa vie mais de façon plus romancée. Il faut toujours y mettre de l'espoir . Elle a rencontré une personne magnifique mais elle avait caché tout ce vécu à sa famille pendant très longtemps. Elle envoie donc un message à ses lectrices car elle parle de sa vie après.
Y a t-il des demandes particulières de la part des Maisons d'éditions ou des lecteurs?
AK: Le lectorat la malmène parfois car on ne peut pas toujours surprendre . Il y a un engouement pour la Dark Romance car c'est très vendeur mais elle ne veut pas faire vivre certaines choses à ses personnages. Elle veut de l'espoir , de l'amour qui peut tout résoudre et c'est souvent le cas en romance.
SR: Pas de demandes particulières . La dark romance qu'elle a écrite peut blesser car le personnage est une partie d'elle , ses personnages sont ses bébés et il faut être capable de tuer un de ses personnages. Le lecteur n'aime pas lire des romans sur la pédophilie même si certains vont tenter car tout dépend de la manière dont c'est abordé.
LSA: La Dark romance est un effet de mode. Une couverture et un titre peuvent avoir un grand impact donc elle refuse qu'on lui impose quoi écrire.
SC: Elle écrit ce qu'elle veut et elle a eu la chance de publier ce qu'elle voulait. Quand on écrit de la dark, et sa série Preload est bien plus sombre mais c'est un spin off de sa saga Sous ta peau et donc là , elle peut se permettre d'être plus sombre. Ce n'est pas intentionnel, c'est une suite naturelle.
Elle cite l'auteur Cherise St Claire qui a écrit Masters of the Shadowland ( du BDSM) et il s'agit de traffic sexuel avec des descriptions très graphiques . Les scènes sont difficiles à supporter mais c'est très bien écrit et plein de sensibilité. Le héros est sous couverture et veut aider l'esclave sexuelle et il tente de la réconforter. Les auteurs de Dark peuvent écrire de belles choses mais elle ne veut pas écrire de Dark Romance car elle ne veut pas se mettre de limites.