« Au plaisir de Dieu », Jean d’Ormesson, Folio
En hommage à la mémoire de son grand-père, symbole de la tradition, contraint de s’éloigner à jamais de la terre de ses ancêtres, le cadet d’une vieille famille française enfermée dans l’image du passé raconte ce qui a été et qui achève de s’effondrer. Le berceau de la tribu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil, est au centre de cette longue chronique qui embrase, depuis les croisades jusqu’à nos jours, l’histoire du monde, du pays, de tout ce que la lignée a incarné et en quoi elle a cru, et qui s’est peu à peu effrité. Un mariage d’amour et d’argent, les idées contemporaines et subversives, les livres, les mœurs nouvelles ouvrent successivement des brèches dans la forteresse de la tradition. L’histoire du XXe siècle, avec ses situations paradoxales, précipite la mutation et la décadence d’une famille qui avait su, à travers tous les cataclysmes, maintenir ses privilèges et conserver son charme. Disparu le 5 décembre dernier, feu Jean d’Ormesson, de l’Académie française, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de philosophie, a écrit des œuvres où la fiction se mêle à l’autobiographie. C’est là son 1er roman, à redécouvrir.
« Désir de ville ; Petit précis de mondialisation V », Erik Orsenna, Robert Laffont
A ce jour, mars 2018, cinquante agglomérations dépassent, sur notre planète, les dix millions d’humains. Soixante-cinq millions à Hong Kong et dans les alentours de la rivière des Perles ; quarante-deux millions pour Tokyo et son proche voisinage ; trente-cinq millions pour Jakarta… D’ores et déjà, la moitié de nos compatriotes vivent en ville. Bientôt, dans quinze ans, dans vingt ans, ce seront les deux tiers…
Et si la ville était le creuset de toutes les inventions, le plus formidable des réservoirs de la vie ? Voilà pourquoi, en pestant, en ronchonnant, en rêvant de campagne, on se précipite pour y vivre. Alors, bienvenue dans deux cents villes d’aujourd’hui, dont trente françaises, de Paris à Guéret, de Lyon à Montfermeil. Bienvenue dans la vie moderne. Erik Orsenna, prix Goncourt 1988 pour L’Exposition coloniale, élu à l’Académie française en 1998, est l’auteur d’une cinquantaine de livres. Il publie simultanément, chez Robert Laffont, dans la collection « Bouquins », Dernières nouvelles du monde. Architecte et paysagiste, Nicolas Gilsoul est docteur en sciences à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, à Paris. Lauréat de l’Académie de France à Rome, pensionnaire de la Villa Médicis, il a remporté de nombreux prix d’architecture. Après le coton, le papier, l’eau, la géopolitique du moustique, c’est là un cinquième opus de la collection Petit précis de mondialisation écrit cette fois-ci à quatre mains par ces deux auteurs, Orsenna préfaçant l’ouvrage.
« Promenades en bord de mer et étonnements heureux », Olivier de Kersauzon, Points
De Brest à Tahiti, des Marquises au détroit de Magellan, Olivier de Kersauzon nous emmène en mer. Là où le temps est autre : long, dense, il s’étend pour permettre de réfléchir, aimer ou se battre. Anecdotes des quatre coins du globe, souvenirs doux-amers et contemplations enchantées… Voici le catalogue singulier d’un marin-poète, amoureux de la nature et des éléments qui se déchaînent. Profitons de ce qui émerveille, dépêchons-nous de saisir la lumière du monde ! Né en 1944, Olivier de Kersauzon est chroniqueur, écrivain et navigateur, connu pour avoir battu le record du monde en solitaire en 1989. Son récit Le monde comme il me parle est disponible en Points.
« Entrez dans la danse », Jean Teulé, Roman Julliard
Le nouveau roman de Jean Teulé s’inspire d’une réelle épidémie de danse mortelle, survenue en 1519. Après Le Montespan, O Verlaine, Fleur de tonnerre, Mangez-le si vous voulez, Charly 9, autant d’horreurs puisées dans l’histoire, l’auteur a déniché une curiosité hallucinante.
A Strasbourg, au début du XVIe siècle, dans un contexte de pauvreté et de famine et à l’aune d’une hypothétique invasion ottomane, une partie de la population emboîte le pas à la femme de l’imprimeur Melchior. Cette- dernière, subitement saisie de folie après avoir balancé son nourrisson dans la rivière, se met à danser sans s’arrêter. L’épidémie se répand, c’est la panique chez le maire et la stupéfaction angoissée chez l’évêque. Qu’est-ce donc que cette ronde envoûtante, se répandant, au fur et à mesure que les gigoteurs s’épuisent, couverts d’abcès, de purulences et de pustules ? Certains se mirent à danser et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois, sans interruption, jusqu’à tomber inconscients, voire jusqu’à la mort. Même les corps encore vivants tombent en morceaux dans cette danse macabre, au travers ces faits véridiques ici relatés par l’auteur de romans noirs historiques.