La dernière note du Requiem est un roman composé d'un prélude et de quatre partitions. Le requiem est celui de Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart, dont il n'est pas superflu de connaître les prénoms pour en détenir une clé.
Pendant qu'on y est, on peut préciser que Théophile signifie aimé de Dieu, ce qui donne en allemand Gottlieb et en latin Amadeus... Le musicien, natif de Salzbourg, est en effet plus connu sous le nom raccourci de Wolfgang Amadeus Mozart.
Les réseaux sociaux ont aussi leur importance dans cette histoire, en particulier Facebook. C'est sur ce réseau que se rencontrent Yaloïsa (Yalo) et Joannes. Cette rencontre eut été improbable autrement. Car elle est top-model, lui directeur financier.
Joannes Daumase - c'est son patronyme - a de grands yeux noisette et de belles dents blanches dignes d'une pub pour Email Diamant. Il est intelligent, cultivé et drôle. Elle apprendra plus tard qu'enfant il était déjà un petit prodige de la finance.
Joannes a demandé à devenir ami de Yaloïsa parce qu'elle le fait rire beaucoup - les anciens petits prodiges aiment rire. C'est en cela qu'il la trouve magnifique: il a particulièrement apprécié ses making of d'une publicité pour les macarons Clément...
Elle a accepté sa demande parce qu'il lui plaisait, tout simplement - c'était une bonne raison -, bien qu'il soit un contact de son amie Guizela - ce n'était pas une référence -, dont la cuisse est à peu près aussi légère que son coude pendant les vendanges...
Elle l'a fait d'un simple clic, alors qu'après un shooting elle faisait une pause, pieds nus, sur la pelouse de l'Orangerie du Château de Versailles, sous les yeux d'un vieillard installé en face d'elle, qui peut-être la dessinait sur la feuille de ses pastels...
L'âme de Mozart est omniprésente dans le livre: Joannes n'a-t-il pas déjà sur Facebook un solde de 1791 amis, dont 1756 de sexe féminin, i.e., respectivement, les dates de la mort et de la naissance de l'homme à l'oreille absolue, à la mémoire eidétique...
Mais ce ne sont pas les seuls mots de passe du roman, qui, pour devenir une belle histoire, aux accents séculaires, relie les héros d'aujourd'hui à ceux de jadis par des voies paranormales, qu'empruntent des âmes perdues en quête d'un repos mérité.
Le lieu de la cristallisation de ces amours intemporelles est justement Salzbourg où Yaloïsa et Joannes se rendent en couple d'amants pour assister, à la cathédrale, à une représentation du fameux requiem et, mieux occupés, dédaignent une réception...
Il en aura donc fallu du temps pour que les mots et les choses rentrent enfin dans l'ordre. Les mots à partir des lettres de leurs anagrammes primitives, les choses à partir du redressement de destins contrariés et de la réparation d'un crime resté impuni.
Francis Richard
La dernière note du Requiem, Anne Bouxin, 238 pages, Lilys Éditions