Sancerre et sans reproches ! Une adresse formidable.
La brasserie Le Sancerre est un des piliers de la rue des Abesses depuis quelques décennies, bien avant que cette jolie rue de Montmartre ne devienne le point de ralliement sinon de chute de la bobosphère parisienne. On y retrouve dans un périmètre très délimité tous les codes de la bienséance parigobobo : des boutiques d’alimentation plus ou moins horribles, les mêmes enseignes (Paul, A la Mère de Famille, Une Glace à Paris, etc.), des terrasses archi bondées, les pères poussant des poussettes pour jouer à la maman et montrer qu’ils sont comme on leur a demandé d’être, barbus bien sûr alors que le poil n’est plus synonyme de virilité puisque la virilité se doit d’être émasculée, les lunettes de soleil sur la tète là encore les garçons singeant les filles, et mon tout dans une ambiance sympa, pas stressée, cool, « on se fait des bisous », et les portables à portée de mains. Une époque formidable…
Le Sancerre en a vu d’autres mais lui aussi a changé. Il y a peu, changement de propriétaire, relookage en bonne règle et réussi, nouvelle équipe qui a décidé d’assurer une vraie cuisine de brasserie comme on l’imagine et comme on l’aime. Pari gagné, en rajoutant une excellente ambiance de bons mangeurs qui règne dès le matin au petit déjeuner et qui se poursuit jusqu’à tard le soir. Aux commandes de la salle, bruyante et animée, Sidney (« comme Sidney Bechet », dit-il). Un type formidable, adorable, aimable, souriant, et d’une efficacité redoutable. L’âme de la maison.
Aux fourneaux, et ca ronfle, Belkacem. Il s’y connait en cuisson des viandes et en desserts, entre autres. Sur la carte, un bon choix de cru, surtout en viande, dont un des classiques de la maison le Trio de tartares, veau, bœuf, canard. Autre must, le Croustillant de ris de veau construit et présenté comme une bouchée à la reine (29,50 €). Sans oublier les incontournables Coquillettes aux truffes et jambon bellota (18,50 €).
Dans les entrées, on peut éviter le Museau vinaigrette, trop compact et servi trop froid, comme la Burratina un peu fade et aux légumes hors saisons au mois d’avril (tomates, aubergines et coulis au basilic). Metro quand tu nous tiens…
Les viandes sont formidables ! A elles seules, elles valent le déplacement même si elles ne sont pas estampillées Desnoyer proutprout ou Metzger blabla.
Une Noix d’entrecôte en provenance d’Argentine, goûteuse, tendre, parfaitement saisi, servie avec une bonne sauce au poivre à part,
une poignée de pommes Pont Neuf, donc plus épaisses que les frites traditionnelles, grillées autour comme on les adore… et bien chaudes. Un régal.
Même punition avec le remarquable Persillé de Black Angus, tendre à souhait, cuisson respectée, bien saisie pour le goût, accompagné des mêmes pommes Pont Neuf, idéales pour les pièces de boucherie. En accompagnement possible, le Gratin dauphinois est également fort recommandable, ce qui est également fort rare.
Fromages sélectionnés par l’inénarrable Xavier Thuret, et des desserts maison et très soignés dont un Paris-Brest particulièrement réussi, de facture classique à savoir rond comme une roue et bien équilibrée entre la pâte à chou et la crème pâtissière.
Agréable et grosse Profiterole, unique mais popote et nourrissante, et un Croustillant aux framboises bien sous tous rapports.
Carte des vins courte mais où l’on peut trouver son bonheur sans se ruiner, surtout avec des vins au verre de 4,90 € à 6,50 €. Petite sélection de vins « coups de cœur », de belles bouteilles autour de 50 €.
Une adresse formidable dans le maelström du quartier des Abesses et sa médiocrité ambiante. Un ilot de cuisine soignée et goûteuse, parfait pour un bon repas classique et généreux. A ne pas manquer.
75018 Paris
Tél : 01 42 58 08 20
www.lesancerreparis.com
M° : Blanche ou Abesses
Ouvert tous les jours de 7h à 2h du matin
Petit déjeuner de 8 € à 13,90 €
Carte : 45 € environ