Depuis longtemps, il était tombé dans une sorte de stupeur muette qui laissait croire par moments que son intelligence était éteinte. Dans cet état pourtant, il entendit la rumeur de la révolution de Février et voulut savoir ce qui se passait. On lui apprit qu’on venait de renverser Louis-Philippe ; il dit : « C’est bien fait ! » et se tut. Quatre mois après, le fracas des journées de Juin pénétra aussi jusqu’à son oreille et il demanda encore quel était ce bruit. On lui répondit qu’on se battait dans Paris et que c’était le canon. Il fit alors de vains efforts pour se lever en disant : « Je veux y aller », puis il se tut et cette fois pour toujours, car il mourut le lendemain.La citation appartenant, bien entendu, au monde des Palimpsestes, c'est-à-dire à ce qu'il avait présenté sous ce titre et dans une Introduction à l'architexte. Les livres de Gérard Genette foisonnent de rapprochements, d'éclairages rasants qui enrichissent et même renouvellent nos lectures. Merci à lui. P.-S. Impossible, bien sûr, de ne pas ajouter une citation (encore) de Postscript:
Imposer un post-scriptum à un épilogue est un étrange ricochet. C’est pourtant bien, entre autres, ce que fit Borges en 1952 pour L’Aleph, à la faveur d’une nouvelle édition ; sa fonction, comme d’ailleurs celle dudit épilogue lui-même, était presque purement bibliographique, même si la frontière, chez lui plus que chez tout autre, entre fiction et érudition est pour le moins poreuse, ou réversible.