En gros titre : "Aranguren avait raison"
(Aranguren est un ministre qui revendique ses comptes offshore)
En rouge : "Wall Street aussi pense que l'Argentine n'est pas fiable"
Comme à chaque fois que l'Argentine adopte un régime néolibéral et libre-échangiste sur le plan économique et social, cela se retourne contre elle, même si ces théories sont à la mode chez les économistes de Wall Street, du FMI et de toutes les bourses partout sur la planète. L'actuelle phase politique semble ne pas déroger à cette règle qui s'est toujours vérifiée depuis le début du vingtième siècle, où le pays a failli se faire tout bonnement coloniser par la Grande-Bretagne, au point que le gouvernement a flirté avec l'idée d'adopter l'anglais comme langue officielle.
Au-dessus de la photo, le gros titre principal "Une crise, c'est pire"
pourrait presque se traduire :
"C'est mieux que si c'était pire"
C'est une déclaration lénifiante du gouvernement
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En revanche, à chaque fois que l'Etat argentin mène une politique interventionniste et dirigiste, il permet au pays de développer son industrie et son niveau d'éducation et de formation, scolaire et universitaire, au prix d'une certaine autarcie, qui n'est pas aujourd'hui en odeur de sainteté dans les milieux financiers orthodoxes. On n'a rien sans rien et il ne faut pas oublier que les pays d'Europe se sont eux-mêmes développés grâce à ce type de politique, menés par des gouvernements qui n'étaient pas encore démocratiques, entre les 17ème et 19ème siècles.
Gros titre : "Inquiet de l'effet inflationniste,
le Gouvernement réfléchit à de nouvelles mesures"
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Après trois semaines de chute catastrophique du peso argentin contre le dollar, voilà que le gouvernement argentin se lance une nouvelle fois dans la méthode Coué en prétendant que le niveau du dollar est « très compétitif » (à 22 pesos pour un dollar, contre 13 pesos il y a deux ans et demi, et un euro qui fait environ 27 pesos, contre un peu moins de 20 en août dernier) et en envisageant de nouvelles mesures pour serrer encore plus la vis à la classe moyenne et aux milieux les plus défavorisés.
Gros titre : "Le Gouvernement croit que le dollar va se stabiliser
mais le marché attend d'autres signaux"
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Página/12, journal de l'opposition, use ce matin d'un humour féroce en rappelant à la une les propos scandaleux du ministre de l'Energie lorsqu'il avait justifié sa détention de comptes offshore par son peu de confiance dans l'économie de son pays. Les journaux de droite ne sont guère plus cléments avec leurs gros titres et leurs éditoriaux qui dénoncent la langue de bois employée par le gouvernement. La Nación parle du "mètre carré de pouvoir des ministres" en charge de l'économie nationale et de la "pensée magique" à l'œuvre au gouvernement (on parlait aussi de pensée magique aux Etats-Unis il y a dix ans lorsque la bulle immobilière a déclenché une nouvelle dépression mondiale) et Clarín de vulnérabilité du pays dans l'actuel contexte international. On est bien loin de l'enthousiasme qui avait salué l'élection de Mauricio Macri en novembre 2015 et des grandes envolées lyriques sur le décollage économique imminent grâce à la fin de la politique honnie (mais pas si inefficace que cela) de Cristina Kirchner.
Pour aller plus loin : lire l'article principal de Página/12 lire l'éditorial de La Prensa qui voit le gouvernement pris entre le marteau et l'enclume lire l'article de La Prensa sur la situation économique lire l'éditorial de La Nación sur le "mètre carré de pouvoir des ministres" lire l'éditorial de La Nación sur la "pensée magique qui dévalue l'Argentine" lire l'article de La Nación sur la situation lire l'article de La Nación sur la variabilité du cours du dollar depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri (fort bien illustré par des schémas très clairs qui montrent fort bien la course folle de la devise argentine) lire l'article de Clarín sur la situation économique lire dans Clarín l'interview du ministre des Affaires étrangères, Jorge Faurie, un excellent diplomate qui se bat les flancs pour trouver des raisons de ne pas s'affoler tout en déclarant, dans un questionnaire de Proust à la petite semaine, que la personnalité qu'il admire le plus est Mauricio Macri, ce qui, venant d'un membre du gouvernement, vous a un air de flagornerie ou de manque de liberté de parole. C'est peut-être vrai et il a bien le droit d'admirer le président en fonction mais, dans le contexte présent où il faudrait montrer que les ministres disposent de toute leur liberté d'appréciation et de toute leur faculté d'analyse pour inventer des solutions nouvelles dans la grave crise que le pays affronte, ça fait un peu poutinien, non ?