Le film s'inspire cette fois de faits réels, soit ce qui a entouré le match de "la bataille des sexes" au tennis de 1973.
Les femmes (quelle surprise!) sont largement moins payées que les hommes pour le même sport. Les bourses sont très faibles pour les championnes et disproportionnées pour les hommes. On l'explique platement par le fait que le spectacle serait moins bon.
Billie Jean King s'en insurge. Avec l'aide de l'éditrice du magazine World Tennis, Gladys Heldman, elle est au coeur d'un mouvement féminin qui réclame de meilleures bourses pour mesdames et fonde avec elle la Women's Tennis Association (WTA). Toujours le circuit professionnel en tennis féminin, de nos jours.
Bobby Riggs est un ancien champion de tennis, entre 1935 et 1948. Au début des années 70, il a plus de 50 ans. Il est réputé comme profond machiste. Provocateur aussi, il clame haut et fort qu'aucune joueuse de tennis féminin ne viendrait à bout d'un homme, même retraité, comme lui. Il défie, une première fois, de vive voix, Billie Jean King de jouer 3 sets contre elle. Pour prouver que le tennis masculin sera toujours meilleur que le tennis féminin, peu importe l'âge. Jean King refuse. L'homme est un clown dont le mariage est mort, et il cherche à se faire beaucoup de publicité. Ce qui fonctionne. On lui donne le micro souvent. Il fera même la une du Time magazine.
En mai 1973, c'est Margaret Court qui est toutefois #1. Battant Jean King pour devenir #1. Elle sera toujours une dure adversaire pour Jean King sur le terrain comme au privé. Elle est pieuse et se révélera aussi très homophobe. Mais elle est mentalement moins forte que King. Riggs offre sa proposition à Court. Qui l'accepte.
Court sera rossée 6-2 et 6-1, dans un programme entendu de deux sets.
Ça fouette la dignité de Billie Jean.
Le prochain défi du genre donnera 100 000$ au gagnant et rien au perdant.
Cette fois, c'est Billie Jean King qui rossera le pauvre Riggs, 6-4, 6-3 et 6-3. Sans merci. Les recettes sont immenses pour le match. La Femme, gagne. Elle, 29 ans, lui, 55. C'est appelé "La Bataille des Sexes" et la femme de tennis gagne. Près de 100 millions de gens assistent à tout ça face à leur téléviseur. L'impact est grand.
Les gens affichent fièrement leur misogynie. "I am a male chauvinist" affiche-t-on sans complexe. Échos redevenus contemporains.
Avec un porc faisant campagne électorale pour la présidence des États-Unis, en 2016, contre une femme, tout était en place pour synchroniser deux moments de l'histoire moderne des États-Unis.
Mais Hillary n'a pas battu le porc.
Voilà le premier rendez-vous manqué.
On s'est permis de retoucher le film et de retarder sa sortie.
Mais après visionnement du film, j'ai été aussi surpris d'un second rendez-vous manqué.
Peut-être tombé au remontage justement.
La relation de Billie Jean King et Marylin Barnett est traitée assez banalement. Ils ont été un couple discret entre 1971 et 1979. Mais Billie rompt sa liaison avec Barnett à la fin des années 70. Et celle-ci, amère, la poursuit en cours afin d'avoir une partie de ses gains dans un règlement (inexistant alors) de partage des biens entre conjoints. Leur liaison n'était pas connue et du même sexe, rien, légalement ne couvrait alors ce type de dossier. Jean King se ruine en frais d'avocats en cour (même si elle gagne) jouera jusqu'en 1983, alors qu'elle n'est plus réellement de calibre, simplement afin de payer ses avocats. Et survivre, car tous ses commanditaires abandonne la lesbienne. Noyant la Femme.
Barnett tente de se suicider, sans succès, mais restant en partie, paralysée.
Émotivement, Jean King mettra des années à se refaire. Sa liaison, mise à jour lui fait perdre tous ses contrats. 2 millions, le jour même de l'annonce de son homosexualité.
Mais elle aura été extraordinaire dans la reconnaissance des femmes dans le monde du tennis professionnel et extraordinairement sacrifiée dans l'avancée des mouvements homosexuels.
Avec les récentes reconnaissances sociales des communautés LGBTQ et autres sexualités atypiques, il y a avait là, avec la trame Barnett, selon moi, un film différent à faire.
"Missed Rendez-Vous" Oxana Vuzlova
Ce que les producteurs du film n'ont pas voulu toucher du tout.
Bien qu'ils aient gardé une ombre autour du personnage de Barnett tout le film.
Parce qu'effectivement, il s'agit peut-être d'un tout autre film, en soi.
Le rendez-vous que j'ai visité était celui de la comédie.
Cet autre film aurait été un drame.
Simplement un film toujours un peu à côté de quelque chose d'autre.
Comme un rendez-vous manqué.
Mais quand les mots bataille et sexe sont dans la même phrase.
On manque toujours de quelque chose.
(Je reste un grand admirateur du tandem Dayton/Faris)