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Le lundi 23 avril notre Jupiter en marche atterrit sur le sol américain pour rendre visite à Donald Trump.
- Nous atterrissons avec hâte hérissée, lance-t-il à sa douce Brigitte, pour rendre visite à la bête mal dégrossie aussi porc qu’épique !
Il commence par visiter la Maison Blanche qui, contrairement à la maison bleue, n’est pas adossée à la colline. Cela n’empêche pas de se prendre pour le forestier. En effet, il propose à Donald (qui invite pour la première fois un dirigeant étranger, depuis son élection), oui, il propose de planter un chêne.
L’arbre symbole de la grande guerre a quitté son Aisne natale, son bois de Belleau, pour se retrouver dans le jardin de la résidence présidentielle américaine, dans la cour des glands.
La symbolique plantation est l’occasion de photographier deux hommes en plein effort, sous le regard attendri de leur épouse. On a l’impression de revivre une scène de western où les uns creusent et les autres observent, le revolver en moins. Les pelles s’activent, les belles observent…
Le soir, les couples Macron et Trump déjeunent à Mount Vernon, résidence de George Washington. Emmanuel a poussé son petit caprice pour obtenir un Great Cook (cordon bleu) mais Donald a bien précisé qu’il ne souhaitait pas jouer au cantinier de service. Le repas est donc un peu plus relevé, de manière inversement proportionnelle aux teneurs sémantiques des tweets compulsifs du chef de la Maison Blanche.
Le lendemain, au cœur de la Maison Blanche, les discussions bilatérales fleurissent comme des coquelicots, mesdames, comme des coquelicots nouveaux. Entre les deux hommes on est à peu près d’accord sur rien hormis sur l’idée simple que l’ego démesuré a de beaux jours devant lui.
Le désaccord porte, bien entendu, sur l’urgence à changer de logiciel de croissance pour préserver la planète. Le climato-sceptique à la tignasse jaunâtre se heurte à celui qui compte garder longtemps Mr Hulot dans son gouvernement. On lève son verre à la santé d’un vert qui perd ses vers ! Quel cas ta strophe !
Une autre pierre d’achoppement se dresse sur le terrain iranien. Comme Donald pense que le diable se cache dans l’accord de 2015 signé à Vienne par l’Iran, les USA, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’UE, il est prêt à en sortir. L’homme de la maison blanche ne pense pas que Téhéran cherchera à mettre en sourdine son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions économiques imposées aux ayatollahs ! Le gentil serpent à sauts nets vers un réchauffement des relations, qu’incarnait Obama, fait sa mue et perd ses peaux lisses !
Macron pense que cet accord ne peut être balayé d’un revers de la manche mais, pour ne pas brusquer son hôte, dira en conférence de presse qu’il faudrait songer à une renégociation, à un plan B, en quelque sorte. Parfois, pour briser la glace on sort B !
Cependant, lors de la troisième journée, le mercredi 25 avril, Jupiter dira tout le contraire au cœur de son discours au Capitole, devant les deux Chambres du Congrès.
Face aux parlementaires, et loin du businessman qui lui cherche des pellicules sur le haut de sa veste, Macron dézinguera les positions de celui avec qui il a affiché des sourires de bonne figure, pour la grande gloire de l’art photographique (d’où les pellicules…).
Notre Jupiter, dans l’écrin de la démocratie américaine, prend pour cible le colosse aux pieds incertains et qui marche à l’aveuglette sur les grands défis du monde.
D’abord une flèche lancée sur l’isolationnisme des USA, tant prôné par la Maison Blanche : - Nous pouvons choisir l’isolationnisme, le retrait et le nationalisme. Ce n’est pas une option. Ce peut être un remède tentant à nos peurs. Mais fermer la porte au monde n’arrêtera pas son évolution, lance Emmanuel de façon péremptoire.
Puis notre Président fustige les décisions prises par Mr Trump et qui pèsent sur l’environnement (relance des énergies fossiles, notamment).
Les élus démocrates applaudissent à tout rompre.Macron revient ensuite sur sa position au sujet de l’accord avec l’Iran :
- Cet accord a été signé, on ne peut le balayer comme ça … Disons que l’Iran ne doit pas posséder l’arme nucléaire, ni maintenant ni dans cinq ans ni dans dix, jamais !.
En quelque sorte, notre Jupiter désavoue le grand prêtre américain et se lançant dans une homélie pro-accord à condition que cet accord trouve un prolongement après 2025 et s’accompagne d’une limitation des activités balistiques de Téhéran tout en contenant l’hégémonie iranienne dans le conflit syrien !
Macron a quitté les USA en laissant l’image trouble d’un Président jouant l’obséquiosité face au cowboy qui twitte plus vite que son ombre car, en même temps, il a parfois donné l’impression d’être manipulé par le maître des lieux, inflexible et droit dans ses bottes.
Dans ce jeu du « je t’aime, moi non plus… » Jupiter, en petits pas diplomatiques, cherche à amadouer le géant de la bannière étoilée. Il n’est pas exclu qu’il y réussisse un jour.
Mais quand ?