Culture, diversité, conflits et valeurs culturelles.

Publié le 04 mai 2018 par Ep2c @jeanclp

Comme son premier ministre en décembre dernier, le président de la République est aujourd'hui en Nouvelle Calédonie.

Pour résister à l’entreprise coloniale de spoliation et d’anéantissement, les atouts du peuple Kanak auront été, d’une part, l’autonomie des chefferies entre elles, ce qui leur a permis d’éviter une guerre coloniale frontale et, d’autre part, la capacité de la Civilisation Kanak à s’adapter en s’appuyant sur des valeurs sociétales sûres. Ces valeurs qui fondent encore aujourd’hui l’organisation sociale Kanak, sont l’hospitalité, la générosité, le respect à tous les niveaux, la dignité, le travail, encadrées par la force des relations et de l’organisation sociale de la chefferie. Elles ont porté une dynamique interne forte, laquelle a permis de s’adapter et d’intégrer les nouveaux arrivants.

Charte du Peuple Kanak.

Citationextraite de la Charte du Peuple Kanak.

Socle Commun des Valeurs et Principes de la Civilisation Kanak

adoptée par le Sénat Coutumier le 14 avril 2014

Ce très long texte qui s'ouvre par un mémoire et se conclut par un Message solennel comporte 3 chapitres :

  • Valeurs fondamentales de la civilisation Kanak

  • Principes généraux de la civilisation Kanak

  • Exercice du droit à l'autodétermination du peuple Kanak

C'est dans le deuxième de ces chapitres que se trouve la section consacrée à la culture et à l'éducation.

  1. Les autorités coutumières se mobilisent pour que les familles et les clans mettent en œuvre le socle commun des valeurs Kanak.

  2. Les langues et la culture sont les vecteurs et l’expression de la Civilisation Kanak, de sa philosophie et de sa Coutume. La diversité des langues traduit la richesse de cette culture. C’est un patrimoine unique qui ne peut disparaître et les membres de chaque clan dépositaire de cet héritage ainsi que le Peuple Kanak dans son entier en sont les garants.

  3. Toutes les langues Kanak doivent être sauvegardées et promues. La pratique de la langue doit être effective dans les tribus et dans les chefferies. L’apprentissage de la langue et de la culture Kanak doit être assumé par les parents.

  4. Il est nécessaire de créer en tribu des lieux d’apprentissage de la vie coutumière et de la langue pour les enfants.

  5. Le Droit de l’Enfant autochtone doit être pris en compte et servir de support à l’éducation publique, notamment civique, en particulier dans les écoles maternelles et primaires. La reconnaissance des langues Kanak doit se traduire par un enseignement effectif en milieu scolaire.

Mais, pour comprendre, en grandeur réelle, ce que diversité et droits culturels veulent dire,  il faut lire ces quelques principes dans leur contexte riche et complexe où il est question de la vision philosophique , de l'occupation de l'espace, des structures coutumières de l'individu, de la parole, du cycle de la vie et de la personne, de la souveraineté sur la nature et les ressources, des savoirs traditionnels...

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Pour remettre dans son contexte historique, le geste mémoriel d'Emmanuel Macron, relire le Préambule de l'accord de Nouméa (5 mai 1998).

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Cette actualité donne l'occasion de rappeler, une fois de plus,  la complexité du débat sur la reconnaissance de la diversité culturelle et des droits culturels. Et de rappeler le contexte de l'invention de la politique culturelle " à la  française", la  création d'un ministère chargé des affaires culturelles simultanément à  l'entreprise de décolonisation, conduites l'une et l'autre sous l'autorité de Charles de Gaulle.

Au début des années 60, les anciens administrateurs d’outre Mer rejoignent alors les rangs du tout jeune ministère.

« Faites ce que vous avez fait en Afrique », aurait dit alors André Malraux à Emile Biasini, l'un d'entre eux.

Et lorsque qu'André Malraux déclare à l'Assemblée, le 9 novembre 1967 : « Il faut bien admettre qu'un jour on aura fait pour la culture ce que Jules Ferry a fait pour l'instruction : la culture sera gratuite », on est en droit de ses souvenir que le fondateur de l'école laïque et républicaine fut aussi l'un des artisans historiques de l'entreprise française de colonisation.

Revenons au texte cité plus haut :

Charte du Peuple Kanak.

Socle Commun des Valeurs et Principes de la Civilisation Kanak

adoptée par le Sénat Coutumier le 14 avril dernier.

Ce très long texte qui s'ouvre par un mémoire et se conclut par un Message solennel comporte 3 chapitres :

  • Valeurs fondamentales de la civilisation Kanak

  • Principes généraux de la civilisation Kanak

  • Exercice du droit à l'autodétermination du peuple Kanak

C'est dans le deuxième de ces chapitres que se trouve la section consacrée à la culture et à l'éducation.

  1. Les autorités coutumières se mobilisent pour que les familles et les clans mettent en œuvre le socle commun des valeurs Kanak.

  2. Les langues et la culture sont les vecteurs et l’expression de la Civilisation Kanak, de sa philosophie et de sa Coutume. La diversité des langues traduit la richesse de cette culture. C’est un patrimoine unique qui ne peut disparaître et les membres de chaque clan dépositaire de cet héritage ainsi que le Peuple Kanak dans son entier en sont les garants.

  3. Toutes les langues Kanak doivent être sauvegardées et promues. La pratique de la langue doit être effective dans les tribus et dans les chefferies. L’apprentissage de la langue et de la culture Kanak doit être assumé par les parents.

  4. Il est nécessaire de créer en tribu des lieux d’apprentissage de la vie coutumière et de la langue pour les enfants.

  5. Le Droit de l’Enfant autochtone doit être pris en compte et servir de support à l’éducation publique, notamment civique, en particulier dans les écoles maternelles et primaires. La reconnaissance des langues Kanak doit se traduire par un enseignement effectif en milieu scolaire.

Mais, pour comprendre, en grandeur réelle, ce que diversité et droits culturels veulent dire,  il faut lire ces quelques principes dans leur contexte riche et complexe où il est question de la vision philosophique , de l'occupation de l'espace, des structures coutumières de l'individu, de la parole, du cycle de la vie et de la personne, de la souveraineté sur la nature et les ressources, des savoirs traditionnels...

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Sur ces questions, déjà publiées dans La Cité des sens, les notes suivantes :

Culture, politique, temps présent : le principe d'incertitude.

Diversité culturelle, François Mitterrand, mai 1987.

Identité nationale, pluralité des cultures, François Mitterrand


 

Droits culturels : continuons le débat.

Le mérite des contributions évoquées dans cette note est de constituer un appel à la vigilance : la récente inclusion des droits culturels dans l’article 103 de la loi NOTRe, désormais une loi de notre République, ne saurait en aucune manière clore le débat.

Droits culturels : une longue histoire

Il est peut-être utile de situer le débat récent sur l’inscription ou non dans la législation française du concept de droits culturels dans un horizon historique plus large que celui de la signature par la France, dans les années 2000, de conventions internationales portant sur la nécessité de reconnaître, protéger et promouvoir la diversité culturelle.

Des droits culturels (1968) aux droits culturels (2015)

Je voudrais continuer le parcours engagé dans ces notes précédentes, de façon à attirer l’attention sur l’histoire des notions successives ou sédimentées qui ont fondé et légitimé l’intervention publique dans les affaires culturelles.Toutefois, je ne suis en aucune manière historien. Il ne s’agit donc que « d’arrêts sur image »...

Droits culturels : débat public ou théâtre d'ombres ?

"Le défi lancé est tout autre : penser, ensemble, la différence par laquelle toutes les sociétés (en des modalités variables) ont séparé et séparent du quotidien ordinaire, un domaine particulier de l'activité humaine, et les dépendances qui inscrivent (de diverses manières) l'invention esthétique et intellectuelle dans ses conditions de possibilité et d'intelligibilité".

(Roger Chartier, 1991).

Droits culturels et développement durable.

 Le paradigme du développement culturel, orienté par les valeurs de la démocratie culturelle, est entré en relation avec l’attention internationale accrue portée aux conditions d’un développement durable, depuis le rapport Brundtland (1987) jusqu’aux Déclarations de l’Unesco sur la diversité culturelle (2001, 2005), la fondation de l’Union des Cités et Gouvernements Locaux pour le développement culturel (Agenda 21 de la culture) et la Déclaration de Fribourg sur les Droits Culturels (2007).

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Consultez aussi ces pages sur La Cité des sens.

Liens conseillés.

Lecture et bibliothèques.

Actualités des politiques culturelles.

Politiques culturelles(mon fil d’actualités sur Scoop'IT)

Création sociale et innovations culturelles

Politiques culturelles : ressources et documents

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ISSN : 2270-3586

Type : document électronique, publication en série
Auteur(s) : Pompougnac, Jean-Claude (1946-.... ). Auteur du texte
Titre clé : La Cité des sens
Titre(s) : La Cité des sens [Ressource électronique] : le blog de Jean-Claude Pompougnac
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Publication : [Fresnes] : [Cité des sens], 2006-
Note(s) : Blogue. - Notice rédigée d'après la consultation de la ressource, 2013-11-14
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ISSN-L 2270-3586
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