De retour avec son sixième album studio, Lucrecia Dalt est une artiste colombienne qui réside désormais à Berlin. Inexorablement, je pense que vous n’entendrez pas une musique aussi particulière cette année, et affirmons carrément que ce genre d’albums est aussi rare que bénéfique.
Anticlines ne propose ni plus ni moins qu’un voyage littéralement au plus profond et de nos personnes, et de notre planète. En effet, chaire et terre semble faite d’une même matière, les résonances géologiques s’entremêlant à des sonorités internes du corps humain. Étrange, me direz-vous. Pour autant, il s’agit d’une expérience proche de celle d’une pièce de théâtre, évidemment et éminemment contemporaine.
Concernant la thématique géologique, je ne peux m’empêcher de penser à l’album Biophilia de Björk et qui remonte à 2011. Mais la comparaison s’arrête ici, la Colombienne s’engouffrant bien davantage encore dans des profondeurs obscures et alarmantes.
Pour autant, attention : les voix restent toujours au moins normales, au mieux réconfortantes. Anticlines est assurément une œuvre musicale proche de la spéléologie : risqué, terrifiant même, mais sublime car inestimable tant il est rare et apparemment inaccessible de se retrouver dans un tel endroit, essentiellement minéral et dès lors froid et humide.
Les paroles sembleraient presque grotesques, abordant aussi bien le mythe amazonien du monstre El Boraro que la possibilité d’une forme de vie martienne, ou plus simplement la matière : écoutez le premier extrait « Tar »… quelle drôle thématique ! Et pourtant, le titre est une totale réussite !
Dire d’Anticlines que c’est une œuvre hors du commun serait un euphémisme et, de même, la personnalité de Lucrecia Dalt semble aussi solide qu’un roc. Toujours aussi étrange que cela puisse paraître, j’adore le visuel très épuré de cet album de la Colombienne.
(in heepro.wordpress.com, le 04/05/2018)
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