Shenaz Patel : Paradis Blues

Par Gangoueus @lareus
J'ai lancé une bouteille à la mer des réseaux sociaux et Sarah m'a gentiment répondu via Instagram. Elle nous propose sa première chronique sur le livre de l'écrivaine mauricienne Shenaz Patel : Paradis blues.


Quand Gangoueus a validé ma candidature pour réaliser des chroniques, j'étais aux anges, enfin je vais pouvoir lire et partager mes impressions. Merci de me donner cette chance ! Pour une première fois, je me suis orientée vers un petit roman, ne sachant pas combien de temps j'allais mettre pour réaliser cette première chronique. Mon choix :  Paradis Blues de Shenaz Patel, un titre tout aussi chantant que le nom de l'auteure.C'est par cette lecture rapide que je me permets donc d’entrer dans cette nouvelle aventure en espérant que ces quelques mots vous donneront envie de lire ce livre. 

Les paroles d'une femme

Mylène nous raconte les bribesde sa vie. On découvre son monde et les particularités culturelles de son lieu de naissance, l'île Maurice. Au début, c'est une enfant prisonnière,observatrice des choix d'une mère soumise, et subissant lesdécisions de son père, qui l'oblige à stopper sa scolarité pour se consacrer au plus important : « trouver un correspondant »Pour lui, sa fille doit trouver un mari en Europe, il est tempsdecommencer les correspondances  Puis, cette jeune fille qui se laisse guider devient une adulte qui cherche des réponsesEllevoitses amies quitter leur travail une par une pour un nouveau poste, celui de femme mariée. Pourquoi devrait-elle faire comme les autres, celles qui cherchent sans relâche un mari comme seule sortieFinalement, après quelques échanges infructueux,sadécision est prise, elle n'attendra pas qu'un homme lui réponde, elle consacrera son temps au travail. 
On voit grandir en elle une ambition, elle pose un regard rêveur sur son avenir, en opposition à celui de sa mère. Mais ça ne l'empêche pas de se perdre dans tous ces rêves. Et de nouveau elle s'emprisonne, mariée à un homme qu'elle n'aime pas, elle doit devenir mère sous les regards incessants de celles qui l'ont été avant elle. Impossible. Son monde devient étouffant. Son envol, elle ne peut le prendre qu'à bout souffle, et c'est à la limite de la folie qu'elle découvre qui elle est et comment l'exprimer. 

Les paroles d'une lectrice 

J'ai perçu ce roman comme un véritable appel de la part de Mylène, porte-parole des voix intérieures de toutes ces femmes qui souhaitent voir au-delà des limites imposées par leur lieu de naissance.  L'écriture du roman à la première personne fait que j'y retrouve même ma voix dans cet appel.Le rythme saccadé du roman, permet l'expression d'un cri féministe, au début poétique, un hommage à tous ces beaux paysages, à cette île. Le décor est rempli de couleurs et on voyage facilement entre les saisons, puis transparaît ce qui se cache derrière ce décor. On découvre que toutes ces femmes ne rêvent pas de rester sur cette île, et qu'elles doivent se battre intérieurement pour pouvoir s'exprimer. Comment de si beaux paysages peuvent-ils nous faire suffoquer ? Le livre est dérangeant, on craint le pire pour la santé de Mylène. Cette voix hurle jusqu'à la folie, on se perd avec elle mais c'est aussi par ce sentiment de folie qu'on atteint ce désir d'émancipation féminine et maternelle.C'est la première fois d'ailleurs que je me sens l'envie de lire tout un livre à haute voix. Pas pour les autres mais pour moi, jouer avec des intonations afin d'exprimer les émotions de cette lecture. La tristesse, la peur, la mélancolie, la folie, ces émotions dites négatives mais à accepter pour justement mieux se connaître. Ce livre exprime le chemin de toute une vie. On ne peut pas oublier ce que nous fait ressentir ces quelques pagesParadis Blues, par Shenaz Patel. Editions Vents d'ailleurs. 64 pages. Une critique proposée de Sarah DBK pour le blog Chez Gangoueus