Paul Ricoeur parle du volontaire et de l'involontaire. L'involontaire est ce qui ne dépend pas de notre volonté. Il est un bien, car il nous révèle nos possibilités. Paradoxe : l'involontaire n'est-il pas un obstacle à la volonté ? Non. Imaginez-vous au début de votre vie. Le problème alors n'est pas : qu'est-ce qui est impossible ?, mais qu'est-ce qui est possible ? Car vous n'en avez aucune idée. Vous êtes dans le vide. Autrement dit, ou suis-je ? Qu'est-ce que je peux faire ? Si l'on ne me donne pas une idée de ce qu'est un blog, jamais je n'en utiliserai un. L'involontaire est le champ des possibles. L'involontaire me dévoile mes possibilités d'action. Sans involontaire rien n'est pas possible.
Etrangement, lorsque l'on veut ignorer l'involontaire, le volontaire donne des résultats involontaires. Des conséquences imprévues. C'est ce qu'explique Adam Smith lorsqu'il dit que c'est en voulant faire le mal que l'on fait le bien. C'est aussi ce que réussissent l'Education nationale et nos parents, en voulant nous apprendre la seule bonne façon de penser, ils nous enseignent à nous méfier de l'autorité. (Mais, aussi, à chercher dès que possible à s'affirmer comme autorité pour avoir le délicieux plaisir d'écrabouiller de son arbitraire un être sans défense.)