La patience n’étant pas ma plus grande vertu et ce récit étant de surcroît très féminin, j’ai donc entamé cette lecture avec un sérieux handicap. Tout en nous propulsant dans un village breton au début des années 50, Gaëlle Josse donne la parole à une mère torturée par la disparition de son fils. Ex-femme de marin, habituée à l’incertitude et à la solitude, le regard porté vers la mer, elle ne peut cependant faire face à la vague d’émotions qui la submerge. Outre l’absence insupportable, elle doit en effet également vivre avec la culpabilité de ce choix, qui l’a poussée à vivre tiraillée entre l’amour inconditionnel d’une mère envers son fils et l’adoration salvatrice de cet homme qui lui a offert une seconde vie. Le lecteur a donc droit à l’errance solitaire d’une femme malheureuse, privée de son fils et pointée du doigt par des habitants qui la jalousent d’avoir pu troquer son malheur contre un foyer luxueux… au sein duquel elle ne s’est malheureusement jamais sentie à sa place.
Si Gaëlle Josse dresse le portrait bouleversant d’une mère noyée par le chagrin, elle entrecoupe régulièrement cette narration empreinte de mélancolie de lettres adressées au fils disparu, jetées telles des bouteilles à la mer… porteuses d’un ultime et infime espoir de retrouvailles joyeuses. L’attente n’étant pas vraiment mon point fort, j’ai éprouvé du mal à ne pas ressentir quelques longueurs en cours de lecture, tout en prenant plaisir à profiter de chacune des phrases issus de cette magnifique plume alliant poésie et finesse… Une écriture sublime qui a su me convaincre de prendre tout mon temps et mon mal en patience… Une longue mais très belle impatience…
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