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Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 64-65-66

Par Blackout @blackoutedition
Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 64-65-66

Photo de Simon Woolf

Pour le livre de Richard Palachak, "Kalache", c'est par ici : KALACHE

Fragments de Nuit, inutiles et mal écrits : 64

L'aller-retour aux chiottes fit l'effet d'un tour de train fantôme. Gino se retrouva au deuxième sous-sol, dans une grotte artificielle monumentale, avec d'immenses stalactites en carton-pâte genre déco de parc d'attraction. Dans la pénombre, vaguement discernées par la lueur des pancartes de sortie de secours, on pouvait distinguer les silhouettes colossales de statues terrifiantes aux muscles monstrueux, menaçant notre badaud telles d'imposantes gargouilles dans une cathédrale éteinte et damnée. Puis y'avait d'énormes chaînes aussi, entourant une piste de danse qui trompa le jugement de Gino, persuadé d'avoir exhumé une arène démoniaque où se déroulaient des combats d'animaux forcenés. Que sais-je ? Dix loups contre un ours... ou bien d'autres affrontements barbares entre créatures effroyables attrapées dans les Carpates environnantes. Malgré l'épouvante, mon ami finit par trouver les gogues et remonta fissa rejoindre Lado et sa clique au bar, à moitié trempé de pisse et de sueurs froides.

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Alors ce fut l'ouragan. Les deux paillassons s'embrassèrent abruptement, se burent et se dévorèrent en se jetant sur la couche. Acharnés, tremblant de fièvre et délirant d'éréthisme, leurs deux carnations s'inter-pénétrèrent de spasmes inhumains, les yeux scellés d'une extase à la fois triste et triomphante en cet amour illicite. « Embrasse-moi Gino. N'arrête plus jamais de m'embrasser mon chéri je t'en prie, je t'en supplie. – Je crois qu'on a oublié la capote. – Avec toi seulement mon amour, mon ange, mon chéri. – Mais... – Tais-toi et mets-la-moi dans le cul, je t'en prie. – Quoi ? – Mets-la-moi dans le cul et continue de m'embrasser, je t'en supplie. – Comment ça ? – Chuuut... – (...) – Regarde-moi dans les yeux... – (...) – Et défonce-moi la lune ... – (...) – Sans t'arrêter de m'embrasser... – (...) – Encore et à jamais... – (...) – Toute la nuit... – (...) – Ma lune et ta nuit... – (...) – Sinon je crie ! »

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Un déluge d'arachides s'abattit sur les honorables hommes d'État, sous les huées et les rires des autres clients du club. Mais les politicailleurs firent mine de rien, continuant leur causerie sans broncher. Cet affront mordit Damian aux baloches. Il ne put s'empêcher d'alpaguer la barmaid et de lui ordonner d'aligner fissa une dizaine de bouteilles sur le zinc. Alors le porte-flingue du boss les prit une par une et les lança de toutes ses forces sur les grands miroirs muraux du comptoir, qui explosèrent à chaque impact en propulsant des éclats de verre aux quatre coins de la salle. Affolé, Gino se cacha sous une table tandis que la délégation officielle prenait la poudre d'escampette. Lado se dirigea posément vers la lourde et sortit se poser devant l'entrée de son camp sélène. Il fixa froidement la limousine General Motors noire démarrer dans un crissement de pneu pitoyable et déconfit... jusqu'à ce qu'elle se fonde à jamais dans l'obscurité.

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