« Je m’appelle Hanna Sobolev, je suis la fille d’Olga Sobolev, prostituée indépendante. Fille de pute, quoi. Je suis une insulte, la pire des insultes, celle que les gens de mon âge balancent si facilement à la tête de leurs ennemis. »
J’aime beaucoup cette collection de chez Actes Sud Junior, d’une seule voix, que ma fille de 16 ans emprunte également assez facilement en bibliothèque… J’avais déjà eu l’occasion de lire dans le même format Tout foutre en l’air d’Antoine Dole et A la dure de Rachel Corenblit [clic ici ], un très fort souvenir de lecture. Alors, quand nous nous sommes arrêtées devant Jo Witek lors du Printemps du livre de Montaigu, j’ai moi aussi craqué pour ce petit livre-ci. Dans ce court roman, très bien écrit et intense, nous faisons la connaissance d’Hanna, Hanna qui court à perdre haleine sur la ligne verte. Elle court pour oublier, pour échapper au danger, pour se donner de la force, elle court pour sa mère, prostituée, qu’elle aime malgré la honte qui entoure cette activité dont elle ne peut parler à personne et qui l’éloigne fatalement des autres. Fille de pute… voilà ce qu’elle est, et c’est aussi la pire insulte que l’on peut adresser à quelqu’un de son âge. Hanna a déjà passé sa courte vie à sourdre de colère à l’intérieur d’elle contre ceux qui ne comprennent pas que cette vie là n’est jamais un choix. Alors, quand elle rencontre Nolan, qui court aussi sur la ligne verte, elle hésite. Lui parler ? Tout lui confier ? Quel regard va-t-il avoir sur elle après ça ? L’amour est-il possible ? J’ai été bluffée, dans ce texte, par la facilité avec laquelle Jo Witek se glisse dans la peau d’une jeune fille, tiraillée entre l’amour qu’elle porte à sa mère, la conscience de ce qu’elle lui doit, la nécessité où elle va être de devoir encore longtemps faire face, et sa volonté (farouche) de vivre sa propre vie. Rien n’est caché de l’activité d’Olga, de ce que cela signifie être prostituée, de ce qu’elle est obligée de faire, mais rien n’est vulgaire non plus, seulement réaliste et sans fausse pudeur. Le présent est marqué par une écriture en italique qui semble suivre les pas cadencés d’une Hanna contemporaine qui court, et se remémore son passé, tout ce qui l’a amenée à se retrouver bientôt face à Nolan et à la vérité. Encore une lecture très forte de cette superbe petite collection !!
Editions Actes Sud Junior – août 2017 –
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
En lecture commune avec… Alexandra du Brick a Book
D’autres lectures chez… Jérôme Noukette Mumu
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