A force d'intervenir sur tous les sujets, de multiplier les effets d'annonce, d’improviser pour allumer des contre-feux, il fallait bien que ça arrive : Nicolas Sarkozy est revenu sur une promesse de campagne. En supprimant la publicité sur France Télévisions, Nicolas Sarkozy va tout simplement faire le contraire de ce qu'il avait promis pendant la campagne présidentielle. Car non seulement le candidat Sarkozy n'avait jamais promis de supprimer la publicité sur la télévision publique, mais il avait en plus envisagé d'augmenter cette part de publicité pour aider un service public sous-financé ! Evidemment, l'information sort un peu tard et a peu de chances d'être reprise dans les grands médias, face au rouleau compresseur de l'info officielle : "Nomination politique", "Bras de fer avec Carolis". Retour sur une promesse non tenue.
A 4 jours du premier tour de l'élection présidentielle, le candidat de l'UMP, Nicolas Sarkozy, avait accordé une interview au journal Le Point.
A la question, "Vous ne souhaitez pas augmenter la redevance audiovisuelle. Comment, dans ce cas, maintenir l’effort de création d’un service public déjà sous-financé ?"
, voici la réponse de Nicolas Sarkozy :
J’ai une conception exigeante du service public audiovisuel, et je veux renforcer les obligations culturelles et éducatives qui pèsent sur les chaînes. Pour disposer des ressources nécessaires, je ne propose effectivement pas une augmentation de la redevance, car il y a déjà trop de prélèvements obligatoires dans notre pays. Je pense qu’une augmentation des ressources publicitaires et des ressources tirées des produits dérivés est possible, et qu’elle ne dénature pas le service public audiovisuel"
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Deux jours après cette interview, Nicolas Sarkozy envoie un courrier au Syndicat national des journalistes. Dans le paragraphe 3, intitulé "Le service public de l’audiovisuel", le candidat de l'UMP récidive : "Je crois qu’on ne peut pas être exigeant à l’égard de l’audiovisuel public et le laisser dans un état chronique de sous-financement. Je ne suis pas favorable à une augmentation de la redevance. Il y a déjà trop de prélèvements obligatoires dans notre pays. Pour donner aux chaînes publiques les moyens de financer des programmes de qualité, je pense que l’augmentation des ressources publicitaires est possible et qu’elle ne dénature pas le service public de l’audiovisuel"
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C'est une indiscrétion du Canard Enchaîné, dans son édition du 2 juillet 2008, qui nous a permis de remonter à la source. Selon l'hebdomadaire, le jour de la remise du rapport Copé, juste avant son allocution, Nicolas Sarkozy a reçu l'intersyndicale de France Télévisions. Le président de la République était particulièrement remonté contre le comité d'entreprise de la régie pub de France Télévisions qui s'était payée deux jours plus tôt dans la presse, une page de publicité qui indiquait que Nicolas Sarkozy avait promis d'augmenter les ressources publicitaires de France Télévisions durant la campagne présidentielle. Furieux que l'argent du contribuable (la régie pub de France TV) puisse financer une campagne de dénigrement de sa personne, Nicolas Sarkozy a envisagé une plainte en diffamation avant de se raviser... puisque tout était vrai.
En avril 2007, Nicolas Sarkozy considérait donc qu’un peu plus de publicité sur France Télévision n’allait pas dénaturer le service public de l’audiovisuel. Neuf mois plus tard, il annonçait la suppression de la publicité, sous prétexte que les chaînes publiques ressemblaient trop aux chaînes privées.
(Source Politique.net)