Appelons ça un exemple de "Real Politik". Ou encore une volte-face diplomatique. Quoiqu'il en soit, Nicolas Sarkozy va très probablement annoncer, en marge du G8 au Japon la semaine prochaine, qu'il se rendra à Pékin le 8 août pour la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, selon nombre de ses amis politiques de l'UMP.
"Je pense qu'il ira" à Pékin le 8 août, a affirmé un responsable de l'UMP qui a participé mardi au petit-déjeuner de la majorité avec le chef de l'État. Selon ce dirigeant, Nicolas Sarkozy a donné "des indications positives" allant dans ce sens. Selon le député UMP Frédéric Lefebvre, un autre proche du président Sarkozy, ce dernier "n'exclut rien" quant à sa participation à la cérémonie d'ouverture des JO. "Mais si la réaction chinoise est à la hauteur de ce qui se passe depuis quelques semaines, alors j'ai bon espoir" qu'il y aille, a assuré le député. Le porte-parole de l'UMP faisait allusion à la reprise du dialogue, le 1er juillet, entre les autorités chinoises et des représentants du dalaï-lama, plus de trois mois après les violents troubles qui se sont déroulés au Tibet à la mi-mars. En effet, la reprise du dialogue sino-tibétain était une condition posée par Nicolas Sarkozy pour aller à Pékin le 8 août. En mars, le Président s'était déclaré "choqué" par ce qui se passait au Tibet.
L'éventuelle présence de Nicolas Sarkozy à l'ouverture des JO soulève déjà des protestations en France. Le patron des députés PS, Jean-Marc Ayrault, avait appelé jeudi Nicolas Sarkozy à boycotter la cérémonie d'ouverture des JO "au nom de tous ceux qui luttent pour la liberté et les droits de l'homme dans le monde".
Il avait invité le chef de l'État, président en exercice du Conseil européen, à demander à "tous ses collègues européens" de faire de même. Nicolas Sarkozy "capitule" et "abandonne ses propres engagements" s'il se rend à cette cérémonie, a estimé de son côté vendredi le secrétaire général de Reporters sans Frontières (RSF) Robert Ménard. Selon les Tibétains en exil, la "répression" des manifestations tibétaines a fait 203 morts. En revanche, le gouvernement chinois parle de 21 personnes tuées par des "émeutiers". Selon Amnesty international, plus d'un millier de personnes ont été placées en détention lors des troubles.