La route sauvage (Lean on Pete)

Par Hectorvadair @hectorvadair

Vu hier au soir « La route sauvage » de Andrew Haigh, adapté du roman de Willy Vlautin : « Lean On Pete » (2010).
Ce conte initiatique dramatique décrit le cheminement de vie du jeune Charley, 15 ans, vivant seul avec son père, quelque peu paumé, la mère ayant quitté le domicile très tôt.
Récemment arrivé dans l'Oregon, Charley, interprété très justement par Charlie Plummer, occupe son temps à courir. Il est aussi passionné par les chevaux, et c'est une rencontre due au hasard avec Del Montgommery,  un éleveur non loin de la retraite  (magnifique Steve Buscemi), possédant deux Quarter Horses, dont Lean On Pete,  qui va lui ouvrir les portes d'une sorte de réalisation personnelle. Mais la vie est souvent une route sauvage...

Une couverture moins romantique que l'affiche et donc plus adaptée.

Andrew Haigh film ses premières scènes de manière très amateure :  intérieur sombre de la toute petite maison familiale et corps dans la pénombre...Un grain peu engageant, qui précise sûrement le caractère peu ragoûtant de la vie de ce binôme père fils en roue libre, luttant pour un simple repas.  Et puis Charley découvre les courses, les écuries, ses premières journées de travail et ses premiers salaires...On pense qu'il va s'en sortir. Ce coup de pouce d'un éleveur sympathique mais ceci-dit sans états d'âme va cependant lui donner une fausse piste et il devra fuir pour s'affirmer. Fuir, avec le cheval qu'il souhaite sauver de la boucherie, arpentant à pied des kilomètres en tentant de relier le Wyoming, où une tante improbable pourrait peut-être l'aider.  Il devra surtout lutter contre son jeune âge, sa pauvreté, et la violence du monde qui l'entoure (scènes quasi documentaires sur la vie des sdf dans une ville d'Oregon). Avec une obstination sans borne et une perspicacité à toute épreuve, mais aussi une intelligence salvatrice, il réussira cependant peut-être à survivre.
Et comme un symbole, dans ces contrées sauvages traversées : une bibliothèque municipale, tel un ilot de paix, auprès duquel l'enfant perdu pourra s'échouer.
Un film fort, témoin de notre temps, et d'un certain "American way of life" actuel.

Charlie Plummer et Steve Buscemi