" La case de l'oncle Tom, faite de troncs d'arbres à peine dégrossis, était à peu de distance de " la maison ; " le nègre désigne ainsi par excellence la demeure du maître. Sur le devant s'étendait un gentil jardinet, où des soins assidus faisaient croître, chaque été, des fraises, des framboises, et une diversité merveilleuse, vu l'espace, de fruits et de légumes. Toute la façade était tapissée d'un grand bignonia écarlate, et d'un beau rosier multiflore, dont les branches, se croisant et s'enlaçant, laissaient à peine voir la rustique construction. D'éclatantes plantes annuelles, des œillets d'Inde, des pétunias, des belles de jour, orgueil et délices de la tante Chloé, trouvaient aussi un petit coin où déployer leur splendeur. "
" Vous le voyez, poursuivit-elle, vous ne savez rien d'ici ; mais moi je sais. Ici, pendant cinq ans, j'ai été foulée âme et corps sous le pied de cet homme, et je le hais comme je hais Satan ! Ici, vous êtes sur une plantation isolée, à dix milles de toutes les autres, au milieu des marais. Pas un blanc pour porter témoignage, si on vous brûle vif, - si on vous échaude, si on vous coupe en morceaux, si on vous jette en pâture aux chiens, si on vous pend, après vous avoir fouetté à mort. Ici, pas de loi divine ou humaine qui puisse vous protéger, vous ni aucun de nous. Et lui, cet homme, il n'est pas d'indignités sur terre dont il ne soit capable "
Le livre : La Case de l'oncle Tom - Harriet Beecher Stowe - Editions Flammarion