Avoir de l'esprit, c'est se soumettre à la lettre...
Pour faire preuve de finesse il faut redonner à la lettre, sa noblesse.
Pour être clair, il faut éviter toute surenchère...
Et quand on y pense vraiment, on se dispense de toute interprétation...bonne ou mauvaise.
Comme quand on vit, on ne raconte pas sa vie, on se contente de la vivre.
Se soumettre à la lettre, c'est se soumettre à l'être, au verbe être...
Tout le monde semble l'avoir compris:
le littéralisme n'est pas un formalisme, mais un fondamentalisme; c'est le fond qui se veut conforme à la forme...il n'y a pas de hiatus...donc pas de malus...la lettre dit l'esprit...l'esprit se dit à la lettre...c'est le charme indiscret du coran qui soumet ainsi la créature au créateur, l'esprit à l'être...ou l'esprit à la lettre sacrée, magique ou secrète...
Tout verset est censé nous bouleverser, sans nous faire tomber à la renverse parce que l'averse se passe à l'intérieur et non à l'extérieur de l'âme.
"Lis!" dit le coran.
Ce qui veut aussi dire: n'en rajoute pas...chéris, mais ne renchéris pas!
Parce qu'il n'y a rien à rajouter, rien à retrancher...l'être et la lettre sont parfaits.
Contente-toi de les lire et de les apprécier.
Encore faut-il être capable de les apprécier et ne pas les déprécier...
C'est tout l'enjeu de la Foi, de la bonne foi, qui croit vraiment ce qu'elle croit.
Le mystère, c'est d'être capable de soutenir le mystère...ou s'en souvenir...qu'il n'y a pas de Dieu sans cette part de mystère... c'est au croyant de garder le secret, de le sauvegarder en se soumettant à la lettre d'un esprit, tenu caché...qui illumine ou élimine en fonction de nos capacités de l'appréhender...
Les mauvaises langues disent que le coran incite à faire la guerre.
"Non pas la guerre, mais la paix!", rétorquent les lecteurs les plus avisés du coran...
Qu'en est-il?
Comment trancher ou être tranchant devant ce genre de penchants?
Par exemple : lorsque deux lettres se contredisent, qu'est-ce qu'on fait?
C'est cette grammaire qui fait défaut aujourd'hui...quand deux verbes se suivent, on nous dit que le deuxième est à mettre à l'infinitif...mais lorsqu'il s'agit de mots prononcés par Dieu, lequel prévaut?
On réclame la soumission de tout le monde ou on dit qu'il n'y a pas de contrainte en matière religieuse?
Telle est la question.
La contradiction n'est qu'apparente...parce que la sentence qui s'applique, c'est celle qui rapproche le plus de l'être, de Dieu et non celle qui divise les êtres avec Dieu. Chaque lettre décrit un niveau de l'être.
Car le sens est toujours lié aux circonstances, et ça ne réduit en rien la transcendance du message de Dieu...
Il n'y a pas en effet de contrainte en matière religieuse, mais ça ne t'empêche pas d'espérer répandre la bonne parole de vouloir la partager, la propager...
Comme lorsque tu déclares que la rose est belle, tu ne peux t'empêcher de croire à l'universalité de ton jugement...il est réfléchissant mais tu le désires déterminant...il est sincère parce que tu le tiens pour vrai.
Tu n'es pas obligé de le lire...mais si tu le lis, tu es obligé de le comprendre... et donc de cesser de dire des inepties...
Et pour éviter tout délire, je recommande les mots qui suivent...que j'ai trouvé sous la plume d'un auteur allemand qui a trouvé le fin mot de toute prose inimitable:
"Combien d'hommes savent et se soucient de savoir qu'il y a de l'art dans toute phrase bien faite-un art qu'il faut deviner si l'on veut comprendre la phrase ? Se tromper, par exemple, sur le tempo d'une phrase, c'est se tromper sur son sens. N'avoir pas le moindre doute sur les syllabes décisives pour le rythme, sentir que la rupture d'une symétrie trop rigide est voulue et fait le charme d'une phrase, prêter une oreille patiente et attentive à tout staccato, à tout rubato, deviner le sens qu'il y a dans la succession des voyelles et des diphtongues, et comment, selon l'ordre où elles se suivent, elles peuvent se colorer des teintes les plus délicates et les plus riches."