Cette pantomime était d’un genre nouveau, à la fois du style « commedia dell’Arte », et à la fois un mélange de tableaux théâtraux, de chansons et de danses ; le tout composait une grande farce…
Les dessins de John Webber fournissaient des témoignages de premier ordre quant aux costumes indigènes et quant aux décors en reproduisant des paysages que ce dernier avait découverts dans ces îles lointaines.
Qui était ce Omaï (ou plutôt Maï) ?(nous l'avons déjà évoqué brièvement) Il s’agissait du fils aîné de propriétaires terriens de Raiatea. Vers 1763 alors qu’il était encore enfant, des hommes de Bora Bora envahirent Raiatea, son père fut tué et le reste de la famille s’enfuit à Tahiti.
La Resolution dirigée par Cook continuera ses explorations, et James Cook sera de retour en Angleterre le 29 juillet 1775. Sa renommée n’est plus à faire.
Contrairement à Tupaia, on a des portraits de Maï en prince des mers du sud, romantique… des portraits erronés et plaisants afin d’être en phase avec le goût de la société londonienne car Maï avait adopté dés le début la mode anglaise pour se vêtir. La pantomime de 1785 était ainsi une pure fiction et ignorait les faits réels, elle brossait plutôt une rencontre idéale entre les Européens et les Tahitiens, prétextant par exemple que Maï était venu en Angleterre dans le seul but d’y chercher une épouse. Mais si l’histoire était une fable, les costumes et décors se voulaient réalistes.
La dernière scène du spectacle était constituée d’une procession d’une soixantaine de personnages en costume et portant des objets indigènes. Peut-être ces derniers étaient-ils la possession de Webber ?
On sait que De Loutherbourg était lui-même un amateur d’armes et de curiosités ; dans la vente de sa collection en 1812, il est noté qu’un pectoral de Tahiti et qu’un casque de plumes des îles Sandwich (Hawaii) furent vendus. Est-il possible que ces pièces aient été collectées par Webber, puis données ou vendues à Philippe-Jacques De Loutherbourg ?
Il semble difficile de juger de l’exactitude de ces dessins car on a reproché à de Loutherbourg d’accentuer les effets de sublime...
Sur le beau dessin de Nathaniel Dance, on remarque qu’il porte un tabouret tahitien. Il semble qu’il y ait d’autres artefacts qui furent conservés longtemps par la famille de Tobias Furneaux et vendus chez Christie’s en 1986.
Parmi « les reliques d’Omaï », le tabouret fut acheté par le musée de Tahiti et des îles (1), les autres ont été achetées par un collectionneur australien. Ce n’est que récemment que le Maritime Museum de Sidney a ainsi acquis deux Akua-Tua des Tonga et une patu maorie.
Note 1 : En savoir plus sur le tabouret de Mai
Bibliographie :
• Agnew Vanessa, The pantomime omai or a trip round the world en ligne.
• Cook & Mai, The cult of the South Seas, 2001, National Library of Australia.
• Gapps, Stephen, 2009-2010, « Omai Relics from the Furneaux Collection » in Signals 89, en ligne.
• KaepplerA.L.(ed.), 1978, Cook Voyage artefacts in Leningrad, Berne and Florence museums, Honolulu : Bishop Museum Press.
• Kaeppler Adrienne L., 2011, Holophusicon. The Leverian Museum. An Eighteenth-Century English Institution of Science, Curiosity, and Art, Altenstadt, ZKF Publishers-Museum für Völkerkunde Wien.
Photo 1 : Dessin de Phillipe-Jacques d'un prêtre tahitien.
Photo 2 : Portrait de Maï d'après Joshua Reynolds, Gravure 1777, ©The British M. 2006,U.145.
Photo 3 : Portrait de Maï d'après Nathaniel Dance, 1774.
Photo 4 : Dessin de Phillipe-Jacques de Loutherbourg d'un homme de Nootka Sound.
Photo 5 : Dessin de Phillipe-Jacques de Loutherbourg d'un guerrier Maori.
Photo 6 : Couverture du catalogue Christie's, 25 juin 19986.
Photo 7 : Les objets d'Omai de la vente ©Australian National Maritime museum n° 46676 46677 46678.