de Lola Lafon
Roman - 230 pages
Editions Actes Sud - août 2017
En février 1974, Patricia Hearst, la fille d'un riche homme d'affaires, est enlevée par un groupuscule révolutionnaire, la SLA (Symbionese Liberation Army). Les terroristes réclament de l'argent, argent qu'ils consacrent à la distribution de nourriture aux plus démunis de la première puissance mondiale. En France, dans les Landes, l'américaine Gene Neveva est chargée de rédiger un rapport à l'attention de l'avocate de Patricia. Elle s'entoure de Violaine, une jeune stagiaire qui va l'aider à débroussailler la somme de documents de presse, d'enregistrements... Mais Violaine remarque que nombre des déclarations de Patricia dénotent qu'elle n'était sûrement pas la victime lavée du cerveau décrite dans la média, mais aussi une jeune femme qui a épousé les thèses révolutionnaire en s'insurgeant contre la bourgeoisie paternelle capitaliste et cynique.
Il s'agit en fait d'une histoire vraie qui a passionné la presse américaine dans les années 70's. Son procès en 1976 a prononcé une peine de 7 ans pour attaque à main armée, en lien avec un braquage violent auquel Patricia a participé. Quand y voir le syndrome de Stockolm pour une jeune fille prise entre les mains de radicaux ? Quand y voir le libre arbitre d'une jeune femme soutenant dans ses écrits, ses paroles et ses actes une cause d'extrême gauche qui la libère d'un milieu social nanti et liberticide ? C'est tout le sujet du procès et du travail de ces trois femmes, la professeure, la stagiaire et la narratrice qui se penchent sur l'histoire. Extrait :"Vos États-Unis ébrèchent l'Amérique racontée depuis l'enfance par ses parents, leurs souvenirs de soldats libérateurs auréolés d'effluves mentholés, une Amérique de Frigidaires rutilants et de sorcières bien-aimées dénudées sur du velours rouges, qui caresse les cuisses de Marilyn sur les posters" rétro" dont Violaine décore sa chambre. Vos États-Unis sont bringuebalants, ils ont de venimeux grincements de guerre, on y ferme des usines, on y fait la queue pour l'essence, les éditorialistes n'hésitent pas à déclarer le pays " pris en otage par les Arabes". Le roman m'a été difficile d'accès, avec la première cinquantaine de pages assez ardue, où il faut parvenir à comprendre qui parle, d'où provient le récit, qui observe qui, qui est le narrateur. Et puis au fil du texte on progresse en parallèle de cette plongée dans l'enquête. Ce roman a eu le mérite de me faire découvrir cet évènement médiatique sous un angle singulier, dans un contexte littéraire maîtrisé.
Lola Lafon parle de son livre - Actes Sud
L'avis de Christine Marcandier - Diacritik