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Comme un air de tendresse au bout des doigts

Publié le 27 avril 2018 par Adtraviata

Comme un air de tendresse au bout des doigts

Quatrième de couverture :

Cent pas ou mille? à cette question, Cheyenne et Abeille opposent la même réponse, quelle importance.

Elles sont sœurs. Au gré des moments de la vie, elles s’éloignent, elles se retrouvent. 
Elles sont femmes. Leurs chemins se construisent en parallèle. Leur vie se nourrit au terreau de l’enfance… chacune à sa manière…

Avec beaucoup de douceur et un brin de mélancolie, Frédérique Dolphijn esquisse des personnages entiers et passionnés, dont le corps et la sensualité affleurent.
Les peintures d’Annabelle Guetatra, légères et poétiques, traduisent cette sensualité des corps et la sensibilité qui les anime.

C’est un peu difficile de parler de ce roman, il faut être délicat comme l’est l’approche de Frédérique Dolphijn.

Il est question de deux soeurs, Abeille et Cheyenne, déjà originales par leurs prénoms, deux filles qui sortent des sentiers tracés, sans doute à cause de leur enfance. Une enfance qu’elles ont passée ensemble, très proches, complices, unies contre le « crocrodile ». Plus tard, leurs chemins se sont un peu écartés, mais elles semblent toujours avoir ce point commun de la solitude, une solitude habitée malgré tout par l’autre soeur.

Il est question du corps, des sens, de la sensualité, de la sexualité. Abeille apprend le braille à des personnes qui deviennent aveugles, elle guide leurs doigts du bout de ses propres doigts. Cheyenne soigne des grands brûlés, le toucher et la relation sont compliqués par la souffrance. Elle travaille souvent de nuit et rejoint un homme, toujours masqué, qu’elle a contacté sur un site de rencontres.

Frédérique Dolphijn ne dévoile rien de cru, de complet, elle suggère les choses, les événements, pour ne rien déflorer qui ne soit déjà abîmé par la vie. Au fil de ce récit, en alternant les points de vue sur Abeille, sur Cheyenne, en revenant à l’enfance de Petite Abeille et Petite Cheyenne, elle nous fait percevoir à bas bruit ses personnages, les fait évoluer doucement vers une libération intérieure.

Accompagnant ce texte poétique, les silhouettes d’Annabelle Guetatra se posent elles aussi avec délicatesse sur la page blanche, des corps nus, d’enfants ou d’adultes (parois même entre adulte et enfant) dans des postures ou avec des détails (herbes, papillon, cage, arbre…) qui rappellent le récit. Sans trait qui les délimite avec précision, avec leur absence de détails marquants et leurs couleurs douces, ces images s’accordent parfaitement au côté suggestif de l’écriture de Frédérique Dolphijn.

Une lecture à fleur de peau, tout en douleur et en douceur.

« Lorsqu’elle sort de l’immeuble, la pluie aboie sa soif de la rajeunir de quelques milliers d’années. Ses crépitements tigrent la danse de ses hanches, et l’odeur du ciel fanfaronne comme un essaim d’abeilles. »

« Sa nuit recèle un secret.
Laisser le temps effacer de son disque dur la férocité. Laisser le temps effacer le souffle laid qui courts dans ses os. Ce morceau d’histoire bien réel qui ne s’évapore pas. Qui résiste à ses nouvelles mémoires. »

« Avec le temps, pense-telle, les choses devraient se tapir, peut-être s’oublier. C’est ce qu’elle espère, mettre le chagrin au fond d’une poche, en coudre les bords et enfermer le vêtement dans un placard aux lourdes portes. »

Frédérique DOLPHIJN et Annabelle GUETATRA, Comme un air de tendresse au bout des doigts, Esperluète, 2013

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