Vendredi soir dernier, j’ai pris ma petite voiture (plutôt habituée à ma conduite en ville)… pour m’élancer dans la campagne, à quelques minutes de chez moi, et pour aller à la rencontre de Ludovic Ninet, sur l’invitation d’une connaissance (merci à elle !). Cette rencontre était organisée par la bibliothèque de Thorigny (85). Au programme, lectures à haute voix de certains passages, entretien avec l’auteur, et même une chanson… J’ai été très touchée par l’enthousiasme et l’ambiance de cette rencontre, et par ce groupe de bénévoles très fiers de faire vivre le livre dans leur petite commune. C’était un moment étonnant et sympathique où Ludovic Ninet a beaucoup parlé du long et laborieux processus qu’est l’écriture, des remaniements nécessaires, et une fois le manuscrit achevé, de la difficulté encore de faire vivre son texte dans le cadre d’une maison d’édition. Je ne vous parle pas ensuite d’une autre difficulté qu’il a connu, celle d’apparaître dans le flot des sorties de la rentrée littéraire… Heureusement, ce roman a été remarqué par les découvreuses des 68 premières fois, qui sélectionnent à chaque rentrée littéraire des premiers romans, et les font tourner dans leur groupe de lecteurs, où il a reçu un très bon accueil. Ludovic Ninet m’en a touché deux mots lors du petit buffet qui suivait la rencontre, et il conserve apparemment un très bon souvenir de la soirée qui a eu lieu en décembre dernier !! Mais qu’en est-il du roman ? Je viens de le terminer et ne l’ai donc découvert qu’ensuite. Déjà, dès les premières pages, l’écriture est une belle surprise. Non pas, dure et haletante, comme l’auteur en parlait, mais plutôt vive, pleine de créativité et d’énergie, de sensualité. Le genre d’écriture qui me plaît. On ne ressent pas du tout à lire ce livre tout ce travail plusieurs fois nécessaire pour remanier le texte, qui conserve tout du long une belle fluidité de lecture. Nous rencontrons tout d’abord Sonja, par les yeux de Pierre, qui vend du poulet dans son camion de rôtisserie. Elle est cette grande rousse, sublime et fascinante, qui traîne pourtant derrière elle comme une vague de tristesse, et presque de mort. Elle vient de débarquer à Mèze à bord de son van, et va très vite également faire tourner la tête de Sabine, la caissière du supermarché. Personne ne peut deviner le traumatisme que véhicule avec elle Sonja, ancienne infirmière militaire en Afghanistan, et ce qu’elle a laissé derrière elle, sa fuite. Pierre est un ancien champion olympique, l’ami de d’Abbes, plusieurs fois condamné pour vol. Tout ce petit monde va se lier d’amitié, se soutenir, s’aimer maladroitement, pour le meilleur et aussi pour le pire… Et moi lectrice, j’ai beaucoup aimé la manière dont Ludovic Ninet campe dans son livre ses personnages, aux prises avec leurs démons, leur passé mais également avec ce désir humain de vie et d’amour qui réveille leur corps. C’est un roman à la fois dur, traversé d’échecs et d’images cauchemardesques, très ancré dans le réel, mais aussi très sensuel et émouvant. Le fait, par contre, que le personnage de Pierre soit inspiré de Pierre Quinon, l’ancien champion olympique de saut à la perche de 1984, a plutôt parasité ma lecture (ayant cédé à la tentation d’aller chercher des infos sur internet), alors j’ai préféré très vite l’oublier. L’imagination de Ludovic Ninet, ancien journaliste sportif de l’Equipe, est bien assez forte et assurée pour tenir un roman à elle seule. Je lui souhaite donc le meilleur à venir et attend avec hâte la publication de son deuxième roman !!
Editions Serge Safran éditeur – août 2017 –
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… Télérama
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