Il s’en dégage une forte personnalité musicale, à la croisée du hip-hop et de la house, le tout avec une approche très synthétique – d’où cette pochette de Tonje Thilesen a fortiori révélatrice. D’ailleurs, il aurait pu choisir l’illustration intérieure, bien plus pertinente d’un point de vue marketing, mais finalement elle aurait été tellement moins personnelle. Difficile alors de ne pas se douter que c’est la musique qui est au centre de l’œuvre, sans autres artifices que la ribambelle d’instruments utilisés pour sa création. Et puis, autant il existe des pochettes avec ou sans l’artiste dessus, aucune avec ce dernier de dos ne me vient à l’esprit…
Ce premier album est le résultat d’une production à l’approche obsessive et d’une quête sans relâche de nouvelles idées et est le fruit de plusieurs années passées dans son studio à Brooklyn et un mois entier isolé dans les quartiers chics de New York afin d’échapper aux distractions de la ville, donnant lieu à une intense période de créativité.
« Rocket » est une ouverture parfaite, uniquement instrumentale, imposant d’emblée une sérénité mêlée d’étrangeté grâce à ce qui fait la force – et la signature du style de Chrome Sparks : des sonorités tellement rétros et futuristes à la fois qu’on ne sait plus où l’on est, les synthétiseurs traditionnels ou la production plus contemporaine en étant pour l’essentiel responsables.
La chanteuse Angelica Bess apporte ensuite une humanité réconfortante sur « What’s it gonna take », tandis que le single « Still think » utilise lui un vocoder pour masquer la voix de son créateur pour un leitmotiv forcément lancinant « ’cause I think about you all the time ».
« Sugar » repose l’ambiance avant le retour d’Angelica Bess sur « All or nothing », également tout en douceur ; « take it slow » nous dit-elle, alors que Jeremy Malvin s’amuse avec les possibilités offertes par ses instruments ! De même, l’incorporation d’un saxophone et une trompette (les deux instruments à vent étaient plus discrets sur « Still think ») ainsi qu’une batterie, déjà présente sur le titre précédent, ajoutent une tonalité live parfaite !
Le duo Kllo et surtout sa chanteuse prend le flambeau pour continuer à nous délecter sur « I just wanna », avant un « O, my perfection » retrouvant les effets du vocoder mais dont le final instrumental en est le passage-clé.
L’un de mes morceaux préférés est sans hésitation « Wings ». Avec un peu de chance, c’est aussi le morceau le plus long, il est résolument aérien, presque spatiale (vous aurez compris l’allusion…), en somme : un pur moment de voyage en toute liberté et empli de sérénité ! À en rendre jaloux un certain Hans-Peter Lindstrøm, quand bien même il serait difficile de confondre leur style respectif !
La fin de l’album se poursuit presque étonnement dans une envolé de sensations, « Attack sustain release » est une autre collaboration, cette fois-ci avec un chanteur, Graham Ulicny. C’est un autre grand moment de l’album.
Au faîte de son ambition sur cette montée littéralement sensationnelle, le final « To eternity » vient clore à la Air un premier opus entièrement pensé, réfléchi, imaginé, créé et réalisé comme s’il s’agissait, non d’une première ou une dernière œuvre, mais de l’œuvre d’un artiste qui a absolument tout donné de sa personne pour sa musique : une œuvre unique !
Dire que ce premier album est une réussite complète ne va pas sans dire que, je ne sais pas pourquoi, on ne peut que pressentir que Chrome Sparks est forcément déjà en train de visualiser l’horizon d’un second album. Notre horizon à nous se nomme le mode repeat.
(in heepro.wordpress.com, le 24/04/2018)
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