Et si "joie" avait une acception qui ne nous est plus familière ? Bergson semble en parler comme s'il s'agissait d'un sentiment ultime. "La joie" est un roman de Bernanos, aussi. La joie serait ce qu'éprouve le grand mystique, le bienheureux. Pour nous la vie est faite de bien des désagréments. Ce que j'appellerai, laidement, la résistance au changement. Lui, voit dans ces obstacles, apparemment irrationnels, un petit signe que nous fait Dieu. La beauté du monde. Il en comprend la signification. Loin d'être un obstacle, ils le guident sur le chemin du progrès. Peut-être est-ce ce qu'entend Bach par "Jesus que ma joie demeure" ? Bach est parvenu à la maîtrise ultime de son art, qui ne peut-être qu'un don de Dieu ? Et qui lui procure un bonheur délicieux ?
Les personnages des films de Bresson semblent aussi des mystiques joyeux. Jusque dans les années 60, l'art paraît avoir été parcouru par un courant mystique. Depuis, la joie nous a fuis ?
(La joie de "fille de joie" viendrait-elle, par dérision, de cette acception ?)