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[Article invité] Relation toxique et dépression – 3 choses indispensables à savoir

Publié le 23 avril 2018 par Le_brh @chrispeiffer

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Je reçois aujourd’hui Virginie Loÿ, rédactrice du blog “Une chose par jour”. Ancienne victime de relations toxiques, Virginie est aujourd’hui conseillère sur une ligne de soutien téléphonique et accompagne des personnes qui veulent se libérer de relations abusives. Elle a souhaité partager avec vous son point de vue sur les liens entre relation toxique et dépression. C’est donc un plaisir pour moi de lui proposer une page sur le blog des Rapports Humains.

relation toxique et dépression

Parmi les signes d’une relation toxique, il s’en trouve un qui est souvent présent et qui est quasiment toujours mal identifié.  J’ai nommé : la dépression.

En théorie, il est aisé de comprendre qu’une relation toxique et destructrice engendre des comportements dépressifs.  Dans la pratique, la personne concernée est souvent la dernière à comprendre de quoi elle souffre ou à identifier la véritable cause de sa dépression. Car malheureusement la dépression s’installe de la même manière que la violence psychologique. Sournoisement. Insidieusement. Tellement progressivement qu’on se s’en aperçoit pas.

Ou bien tard, très tard.

Que la dépression soit le fruit de relations amoureuses toxiques, qu’elle soit les résultats de relations malsaines dans la sphère amicale, familiale ou professionnelle, son origine est difficile à décrypter.

Dans cet article, j’aborde le fait que simultanément, la dépression est le signe de la relation toxique, sa conséquence et, parfois même, un outil de manipulation.

Se faire soigner — en toute liberté — est indispensable.

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Relation toxique et dépression : un signe

Toute relation qui devient toxique commence par une relation d’apparence normale. La victime est très investie : il s’agit soit de son supérieur hiérarchique, de la personne qu’elle considère comme sa meilleure amie, de son conjoint, d’un parent…

La nocivité des rapports s’installe dans le temps, petit à petit, le plus souvent par des paroles et des gestes qui, de prime abord, peuvent sembler bénins : critique déplacée, rendez-vous manqué, ordre donné, réaction exagérée à une contrariété… Les choses de la vraie vie…

C’est leur accumulation, leur unilatéralité, l’augmentation de leur gravité et de leur fréquence qui est un indice de la toxicité de la relation.  Par un effet d’érosion, elles créent chez la personne qui en est victime, un malaise, une tristesse, une incompréhension.

La victime refuse souvent de douter de la relation. Elle pense que le problème vient d’elle — et c’est bien ce que son tourmenteur n’aura de cesse de répéter.

Alors, elle va chercher en vain à satisfaire les besoins de l’autre en prenant la responsabilité de tout ce qui ne fonctionne pas dans la relation.

Ne trouvant pas d’issue, malgré tout le mal qu’elle se donne, elle va de moins en moins bien.
Quand certains de ses proches lui font remarquer que la situation avec son patron/ami/conjoint n’est pas normale, elle fera tout pour la justifier et trouver les causes de son mal-être ailleurs.

De léger malaise, cette dépression peut s’installer. Elle devient chronique, elle s’aggrave. Au pire, elle engendre des pulsions suicidaires ou s’accompagne d’autres pathologies ou comportement à risque : trouble alimentaire, consommation d’alcool ou de stupéfiants, etc.

Parfois, c’est uniquement par hasard que le médecin traitant, ne trouvant pas d’explication physique aux maux, approfondit son interrogatoire :

  • “ .. et comment ça se passe avec votre épouse ? ”
  • “ … vous avez des problèmes au travail… ? ”

Paroles salutaires qui peuvent réveiller la victime. Mais quelques fois, celle-ci ne voudra ouvrir les yeux que lors de la cinquième visite…

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Reconnaître la dépression est une première étape, mais il est indispensable d’en identifier les causes, pour en guérir, car elle peut devenir un outil de manipulation.

La dépression retournée comme outil de manipulation

Un élément qui brouille les pistes est que la personne toxique est capable de se servir de la dépression comme d’un outil d’aliénation supplémentaire.

Au travail, la victime sera écartée d’un projet qui lui tient à cœur, soi-disant par souci de la ménager :
“ … parce que, tu comprends, il faut que tu sois bien remis avant qu’on te confie ce projet délicat… ”.

Dans le couple, la marge de manœuvre d’un conjoint manipulateur est plus vaste encore. Relation toxique et dépression sont intimement liées.

Rappelons-nous que le propre de la dépression est de ne plus avoir le courage, l’énergie ou l’intérêt de désirer quoi que ce soit.

Sous couvert de compassion, bien des personnes toxiques enfoncent leur conjoint dans sa dépression.  Au regard du monde, ils se montrent inquiets, serviables, attentifs :
“ Elle est fragile, en ce moment…, je la pousse à consulter, mais elle ne se décide pas… ”

Derrière les portes fermées, le discours change :
“ Il y a toujours quelque chose qui cloche chez toi… Cesse donc de t’apitoyer sur ton sort… Il faut vraiment t’aimer comme je t’aime pour pouvoir te supporter… ”

Ces comportements aliènent et isolent la victime qui ne sait plus à quel saint se vouer et, de plus en plus, doute de ses propres perceptions.

Ce comportement peut atteindre des extrêmes, lorsque le conjoint utilise la passivité de la victime pour la forcer à un suivi médical dont il a le contrôle.  Le but peut-être d’obtenir un diagnostic psychiatrique qui porte atteinte à la victime et à ses capacités de garder les enfants du couple en cas de séparation.

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Se faire soigner à tout prix

Il peut paraître inutile de rappeler que se faire soigner est la priorité. Si les victimes reconnaissaient leur situation, c’est sans doute ce qu’elles feraient.

Je tiens toutefois à insister.

Les médecins sont de mieux en mieux formés pour ne pas passer à côté des causes des symptômes. Le burn-out, la violence conjugale, la pression au travail, etc., sont des phénomènes reconnus et médiatisés.
Les stigmas s’effacent et les solutions existent pour sortir de la situation à l’origine de la dépression.

Le prérequis est cependant de vouloir s’en sortir, et d’en avoir la force.

Se faire accompagner médicalement peut être la goutte de potion magique qui décuple les forces au moment où on en a vraiment besoin.

En conclusion, j’invite chacune et chacun à la vigilance.
Si vous êtes déprimés, posez-vous les bonnes questions.
Si une personne de votre entourage semble couler, posez-lui les bonnes questions.

Pour retrouver votre vie, coupez le lien entre relation toxique et dépression : ne reculez plus le moment de consulter.


Quand on partage un bien immatériel, on le multiplie

(Idriss Aberkane – Libérez votre cerveau) – Pensez à partager cet article avec vos amis sur les réseaux.


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