Je suis né en 1972. Au Québec.
Mes parents ont acheté deux albums de Beau Dommage, un d'Harmonium, des 33 tours, que j'ai eu la mauvaise idée d'utiliser comme patins sur un plancher de bois ("Hein! regardez les filles comme ça glisse bien!") quand j'avais 5 ans, 33 tours que mes parents n'ont jamais remplacé après la fessée de circonstances.
(J'avais épargné un bijou familial)
Passé 1975, mes parents écoutaient peu de musique francophone. Passé la défaite référendaire de 1980, l'offre musical francophone québécoise était même très pauvre. Donc entre mes 8 ans et mes 18, la francophonie musicale devait venir d'ailleurs. La France ou les pays francophones d'Afrique ou d'ailleurs. Il y a bien eu quelques morceaux qui m'ont fait craquer, mais en général, avec un père enseignant dans une rare école anglophone de la région de Québec, parlant franglais à la maison, j'étais plus naturellement tourné vers Duran Duran, Bowie, U2, les Stones, les Beatles ou Led Zep.
Même que la musique en français m'horripilait. On y comprenait les mots. Les sens, tout de suite. Et la poésie y était souvent si pauvre, ça en était gênant. En anglais, ça nous appartenait moins. Et même si on chantait des conneries comme Rock me Amadeus ou Everybody Wang Chung tonight, on avait toujours l'excuse inconsciente que c'était étranger, qu'on avait pas à prendre la niaiserie du texte aussi personnellement.
Mais il n'y avait que moi qui me souciait du texte. "Jouis donc de la musique Jones! les mots c'est accessoire aux sons!". Oui. Parfois. Mais bon...la musique franco, ça m'est venu tard.
Depuis que je suis papa, je dirais.
Plus sage.
J'ai même quelques albums en copie CD; Biolay, Benabar, Delerm, Aznavour, Chinatown, Dumas, Gainsbourg père, fille et fils, Bashung, Leloup, les Cowboys Fringants, Vallières, Arthur H, Thomas Fersen, Higelin, Catherine Major, Peter Peter, Désilets, ouin...beaucoup finalement...
Sans explication réelle, quand je suis devenu permanent de Spotify, j'ai peu à peu bâti quelques listes de lecture, principalement francophones. Peut-être parce qu'inconsciemment je me disais que dans une bibliothèque musicale mondiale, la part francophone serait moins généreuse et que j'ai vite voulu me nourrir de la langue de Molière, Hugo et Prévert en musique.
Si bien que je me suis fait une liste Québécoise, une autre de 10 chansons signées de textes de Réjean Ducharme, mais surtout, plusieurs listes d'artistes français. Au moins 6.
Thomas Fersen
J'ai trois de ses disques, 3 de ses 4 premiers (J'ai pas Les Ronds de Carotte). Sophie Durocher déteste l'homme. Ce qui devrait être suffisant pour que j'aime Fersen. Mais c'est con, je l'adore. Cheval, papillon, oiseaux, vache, cochons, lion, la chauve-souris, cigale, puce, poisson, punaise, moucheron, un iguanodon, tous les animaux y passent chez ce nouveau Jean de la Fontaine. Sur des airs de poésie enchantée, la plume agile, le banjo habile, l'accordéon fragile, la guitare tactile, le monde de Fersen semble toujours animé et place toujours la journée sous bonne augure. Même quand il joue le valet d'un assassin, ou parle d'un vagabond heureux. Il séduit même dans l'intimidation personnelle. Dérision et précision, il me plait de toute les façons. J'ai 20 titres sur ma piste.
Vincent Delerm
J'ai aussi trois disques de Delerm. Les trois premiers. Je vous ai déjà parlé au moins deux fois de Vinny D. Fils de gens publics (Les auteurs Phillipe et Martine Delerm (aussi illustratrice)), Vincent conjugue musique classique, name dropping et pop facile d'accès. Il peut paraître pompeux. Moi je m'en moque, sa musique, fort agréable, surtout sur les deux premiers, me touche beaucoup. Les hyperliens vous en disent assez sur lui. J'ai 12 titres sur ma liste. 9 des deux premiers albums, 3 des autres.
Arthur H
Fils de Jacques Higelin, j'ai un seul album en CD de l'auteur-compositeur interprète, peintre et illustrateur français qui a étudié au Berklee College of Music de Boston. Travaillant dans l'univers musical vers la fin des années 90, je consommais souvent au boulot ses trois premiers albums. J'ai aimé son 4ème album, mais pas assez pour suivre le suivre dans ses trois efforts suivants. L'album suivant, son 8ème, Baba Love, est l'album que j'ai. Que j'ai beaucoup aimé. Au point de me rendre au spectacle de sa tournée de promo pour celui-ci. Un fameux show. Arthur et sa bande sont de grands musiciens inspirés. C'était la seconde fois que je le voyais en show (L'autre fois dans les années 90). Même plaisir. Il a une voix grave reconnaissable parmi des milliers. Et de la musique qui flirte entre le jazz, la pop, l'électrique et la musique du monde. Il est riche à entendre. Je n'ai que 12 morceaux sur ma liste, mais je revisiterai pour l'augmenter, c'est certain. Je me rendrai surement à 20 en explorant ses autres albums.
Renaud
Je n'ai aucun album de Renaud. Mais l'ai beaucoup aimé lorsque découvert en 1985. À rebours surtout. Le Renaud de 1985 et moins me plait beaucoup. J'ai une liste de lecture de 30 titres. Seulement 8 post-1985. C'est la dernière que j'ai écoutée. Beaucoup aimé Séchan.
Alain Souchon
Je n'ai aucun album de Souchon. Je ne connaissais de Souchon que 2 morceaux de musique et 1 film. Car Alain fait aussi le comédien. J'ai écouté tous ses albums (en fait, 8) disponibles sur Spotify, au volant de mon camion, en travaillant, et en ai gardé 12 morceaux. J'ai écouté à quelques occasions. Quand je me trouvais trop agité. Souchon me calme. J'ai fait dans l'allitération pour le titre de ma liste de lecture en l'appelant Chausson, Souchon...léger. Le rose qu'on nous propose.
Léo Ferré
C'est tout récent pour Léo. Pour le plus ancien de mes artistes français. Dont j'adorais la musique et le texte de Ni Dieu, Ni Maître depuis longtemps. J'ai téléchargé Léo chante Ferré et je commence tout juste à en filtrer les morceaux qui m'intéressent vraiment. Je crois pouvoir en trouver 20 facilement pour une liste de lecture. Certains pour le rythme (sage) d'autres pour les textes. Surement. Je n'ai pas d'albums de Ferré en vrai.
De plus, écoutant exclusivement Radio-Canada (première chaîne ou Espace Musique) je n'ai jamais shazamé autant de musique française aussi intéressante que je place ensuite sur d'autres listes de lecture d'été ou d'hiver (oui, ces deux listes existent).
Aussi bien m'y faire puisque mon Plateau Mont-Royal bien aimé devient tranquillement "La petite France".