Ben Sledsens, « Rattenvangster », Tim Van Laere Gallery
Art Brussels fête ses cinquante ans ! Une édition anniversaire très réussie avec cent quarante sept galeries d’art en provenance de trente-deux pays, des projets sous forme d’expositions collectives et des prix pour récompenser le travail des artistes.
Pour ceux qui sont pressés, voici une sélection d’artistes et de projets qui ont retenus notre attention.
Belgian Art Prize
On regarde absolument la vidéo politique et poétique d’Otobong Nkanga, grande gagnante du Belgian Art Prize 2017. « In pursuit of bling » dénonce les conséquences de l’exploitation colonialiste et capitaliste qui ont transformé les ressources naturelles en objets de convoitise.
Prix du Solo Show
Au nombre de 22 les solos show de cette année étaient de haut niveau ( Alice Anderson à la Galerie Valérie Bach, Leen Voet chez Albert Baronian, Stelios Karamanolis chez Flatland, Sofie Muller chez Geukens & Vil, Romain Van Wissen chez Triangle Bleu etc.) finalement remporté par Nicolas Party ( chez Xavier Hufkens) avec trois magnifiques toiles bucoliques et japonisantes.
Projet Artistique
Il faut aller voir la sublime « Mystic Properties », exposition collective en collaboration avec le HISK ((Higher Institute for Fine Arts), curatée par la très dynamique Elena Sorokina, dans laquelle les artistes posent la question de l’appartenance de l’œuvre d’art en prenant comme point de départ, « L’Agneau mystique », le célèbre retable de Gand ayant été pendant des siècles un objet de convoitise. Coup de cœur ici pour « The Mariage of Heaven and Hell » de Joris Van de Moortel.
Chez les galeristes
On adore le plasticien belge Pascal Bernier, qui a remis au goût du jour la technique désuète de la taxidermie avec sa merveilleuse série à la fois caustique et émouvante « Accident de chasse » . Françoise Pétrovitch (Semiose galerie) nous a ravit avec ses œuvres d’étrange matérialité que ce soit avec sa céramique « Peau d’Ane » ou ses peintures vous plongeant dans un profond état contemplatif à l’instar de ses personnages. A ne pas rater ses expositions à La Louvière qui débutent conjointement le 27 avril au Centre de la gravure et à Keramis. Côté urbain, on découvre avec enthousiasme le travail très organique de l’américain Ethan Greenbaum ( Super Dakota) qui se réapproprie les matériaux industriels récupérés lors de ses promenades pour en faire une réflexion sur les changements et les mutations de la Ville. On ne lasse pas des amazones de la peintre belgo-iranienne Sanam Khatibi ( Rodolphe Janssen), des peintures aux paysages de loin idylliques de près somptueusement inquiétants tel un Jardin d’Eden inversé. Sofie Kuijken ( Nathalie Obadia) nous propose des portraits mystérieux et intriguants résultat d’un génial clash entre tradition ( flamande) et modernité dans lesquels les personnages sont crées grâce à une combinaison de plusieurs personnes. On fonce voir « Seated Woman » de la géniale peintre belge Farah Atassi (Michel Rein) qui réinvente d’une façon inédite les grands peintres du 20e siècle faisant d’elle LA peintre moderne du 21e siècle. Chez Félix Frachon, le nouveau de la bande, on découvre le travail délicat et scientifique de Nandita Kumar qui explore l’impact des nouvelles innovations technologiques sur la vie humaine en combinant vidéo et son. Le très jeune anglais Oli Epp ( Semiose galerie) dépeint sa vie quotidienne à travers ses œuvres avec humour et sarcasme. On aime ses têtes surdimensionnées dénuées de traits faciaux et le jeu de l’illusion optique. On s’arrête devant le très parodique « Rattenvansger » du jeune artiste belge Ben Sledsens (Tim Van Lere Gallery) pour vous mettre le sourire aux lèvres, une dernière fois avant de partir.
Art Brussels, Tour et Taxi jusqu’au 22 avril 2018