Pour un entrepreneur, la levée de fonds est un parcours semé d’embuches. Cet exercice peut s’avérer tellement décourageant que certains voudront l’éviter à tout prix, par exemple en se contentant de faire appel au love money, l’argent prêté par ses proches. Cela présente des avantages significatifs : vos proches ne sont probablement pas désireux de prendre une part active à votre entreprise et vous laissent libres de vos choix stratégiques. Enfin, au lieu de consacrer beaucoup de temps aux présentations de votre projet, au processus de due diligence et aux négociations, vous pouvez vous concentrer sur votre cœur d’activité.
Mais Xavier Milin nous alerte, dans son ouvrage Lever des fonds, sur les limites de l’autofinancement et la tentation de vouloir lever le moins de fonds possible pour se garantir une certaine tranquillité d’esprit. A l’aide de l’exemple suivant, il recommande de simuler ce que l’on pourrait faire avec des fonds supplémentaires :
« Vous n’avez peut-être pas besoin de lever des fonds. Mais faites tout de même un nouvel exercice qui cette fois partira de vos projections initiales, auxquelles vous allez rajouter le montant visé.
Par exemple: Votre business plan vous permet de tenir sur 24 mois avec une stratégie de développement commercial en B to B et une R&D qui seront financés par un gros contrat client que vous avez signé, complété de quelques aides ou subventions. À ce stade, vous ne pensez pas avoir besoin de lever. Mais que se passerait-il si vous pouviez bénéficier de 500 000 euros de plus ? Voire d’1 million d’euros ?Est-ce que votre activité se développerait plus vite ? Sur quel levier travailleriez-vous alors et quelles en seraient les conséquences en termes d’activité, de performance et donc de valorisation de votre entreprise ?
Faites ce travail. Vous verrez que cela peut vous faire totalement revoir votre stratégie de levée dans un sens comme dans l’autre. À ce stade, investir une telle somme dans l’entreprise pourrait ne pas avoir d’impact significatif et cela confirmerait qu’une levée n’est pas justifiée. Néanmoins, dans certains cas, l’exercice peut donner lieu à de belles levées et surtout à des échanges passionnants avec les fonds d’investissement qui eux-mêmes auront des idées judicieuses pour investir les quelques millions finalement recherchés. »
S’il ne faut pas négliger la lourdeur du processus, une levée de fonds est aussi une opportunité d’échanger avec des investisseurs, de bénéficier de leur expertise et d’actionner des leviers auxquels vous n’auriez pas accès par l’autofinancement. Injecter une somme dont vous n’avez pas forcément besoin aujourd’hui peut vous permettre de franchir plus rapidement une étape significative. N’écartez pas trop vite cette possibilité !